Les prix à la consommation aux États-Unis ont augmenté en novembre à un rythme inédit en près de 40 ans, une complication supplémentaire pour Joe Biden qui a promis d’inverser la tendance et peine à faire adopter son plan de dépenses sociales et environnementales.
- La hausse des prix s’est élevée à 6,8% le mois dernier comparé à novembre 2020, après +6,2% en octobre, selon l’indice des prix à la consommation (CPI) publié vendredi par le département du Travail. C’est la plus forte hausse jamais enregistrée depuis juin 1982.
Les Américains ont ainsi continué le mois dernier à payer tout plus cher: de la nourriture, aux vêtements en passant par les voitures, l’essence, les produits électroniques ou les billets d’avion et restaurants.
« Les chiffres de ce matin confirment ce que chaque famille américaine sait déjà: l’inflation est hors de contrôle sous la direction des démocrates », a réagi le puissant leader républicain au Sénat Mitch McConnell, dans un communiqué.
L’hôte de la Maison Blanche a préféré mettre en avant l’évolution des prix actuelle plutôt que celle du mois dernier.
« Les développements dans les semaines qui ont suivi la collecte des données pour le mois dernier montrent que l’augmentation des prix et des coûts ralentit », a-t-il souligné dans un communiqué tout en reconnaissant que ceux-ci ne ralentissaient « pas aussi rapidement que nous le souhaiterions ».
Comme le mois dernier, la forte demande des consommateurs s’est encore heurtée aux problèmes d’approvisionnement liées à la pandémie et ce sont les prix du secteur de l’énergie qui ont le plus augmenté sur un an (+33,3%).
Joe Biden n’a pas manqué de souligner que les pays du monde entier étaient confrontés à une poussée inflationniste liée à la pandémie.
En excluant les secteurs volatils de l’énergie et de l’alimentaire, l’inflation est restée aussi soutenue (+4,9%).
Pour préparer les esprits aux mauvais chiffres, Joe Biden avait publié dès jeudi un communiqué annonçant des prix encore élevés en novembre. Mais il s’était empressé de souligner que le rapport ne reflétait « pas la réalité d’aujourd’hui ».
Vendredi, le président met une nouvelle fois en avant la baisse enregistrée tout récemment des prix de l’énergie, de l’essence, du gaz naturel, des prix des voitures d’occasion.
Le mois dernier, les prix des voitures neuves a bondi de 11,1%, celles des voitures d’occasion de 31,4%. De quoi susciter le mécontentement parmi les Américains qui affectionnent particulièrement ce mode de transport.
Par rapport au mois précédent, la hausse des prix mensuelle a légèrement ralenti: +0,8% contre +0,9% en octobre. Mais elle est supérieure aux projections des analystes (+0,6%), signe que l’inflation est persistante.
Omicron
De plus, l’enquête a été réalisée avant l’émergence du variant Omicron du Covid-19, qui constitue une nouvelle menace planant sur l’économie américaine et mondiale.
Certains économistes anticipent une exacerbation des problèmes de logistiques liés à de nouveaux foyers de contamination à travers le monde, ce qui pourrait accentuer la poussée inflationniste.
Après avoir soutenu que l’inflation était « temporaire » et liée à la reprise économique après la récession historique de 2020 provoquée par la pandémie de Covid-19, l’administration Biden et la banque centrale américaine ont fini par admettre que l’inflation était plus durable que prévu.
Pour l’opposition républicaine, la politique économique de Joe Biden consistant à injecter des milliers de milliards de dollars dans l’économie a contribué à la poussée inflationniste, ce que réfute son administration.
Les républicains mettent en garde contre le plan « Build Back Better » (« Reconstruire en mieux ») qui pourrait alimenter, selon eux, encore davantage l’inflation.
Joe Biden, qui se heurte sur ce point à des critiques jusque dans son camp démocrate, a une nouvelle fois contesté cette approche vendredi.
Décélération de la Fed ?
« La difficulté liée à la hausse des prix montre qu’il est important que le Congrès adopte sans délai mon plan +Build Back Better+, qui va réduire pour les familles le coût des soins de santé, des médicaments sur ordonnance, la garde d’enfants, etc. », a-t-il martelé.
L’administration Biden argue aussi que les quelque 1.800 milliards de dollars de dépenses s’étaleront sur une décennie et non pas en une fois comme ce fut le cas pour les plans d’urgence adoptés en pleine pandémie.
Ce rapport est publié quelques jours avant la tenue de la réunion de la Réserve fédérale (Fed) et devrait conforter l’institution dans son intention d’accélérer la réduction de son programme d’aide monétaire à l’économie pour procéder à un relèvement des taux directeurs dans un effort pour contenir l’inflation.
La Fed table pour le moment sur une décélération de l’inflation au second semestre 2022.