La Turquie est sur un chemin « risqué mais juste » pour l’économie, a affirmé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan, défendant sa position controversée d’abaisser les taux directeurs malgré la dégringolade de la livre turque et l’inflation élevée.
« Ce que nous faisons est juste. Nous avons suivi et nous suivons un plan politiquement risqué mais juste », a déclaré M. Erdogan devant les députés de son parti au Parlement.
La Banque centrale turque avait annoncé peu avant intervenir pour stopper la chute de la livre turque, qui a perdu près de 30% de sa valeur face au dollar en un mois.
Mardi, la monnaie avait effectué un nouveau plongeon historique, perdant près de 6% de sa valeur en une journée par rapport au dollar et à l’euro.
Peu après l’intervention de la Banque centrale, la livre turque s’est légèrement reprise mercredi, s’échangeant autour de 13,10 livres pour un dollar et de 14,90 livres pour un euro à 10H40 GMT.
A contre-courant
« Le monde entier sait que je suis contre les taux d’intérêt (élevés). Je n’ai jamais été pour. Je ne l’étais pas hier et je ne le serai pas demain », a dit le président turc, insistant sur le caractère définitif de sa décision controversée de baisser les taux d’intérêts.
« Notre pays ne retournera plus jamais au système d’exploitation basé sur les taux d’intérêts élevés », a-t-il déclaré.
À rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux élevés favorisent l’inflation.
Conformément au souhait du président, la Banque centrale turque – officiellement indépendante – a ainsi abaissé de nouveau son taux directeur en novembre (de 16 à 15%) pour la troisième fois en moins de deux mois, alors que l’inflation frôle les 20% sur un an, un taux quatre fois supérieur à l’objectif initial du gouvernement.
Le taux de l’inflation pour novembre, qui sera annoncé vendredi, pourrait être supérieur à 20%, selon certains experts.
La livre turque a perdu plus de 40% de sa valeur face au dollar depuis le début de l’année.