Après avoir connu une édition 100% virtuelle en raison de la pandémie de Covid-19, le Web Summit, grand-messe de l’économie numérique, sera de retour en physique à Lisbonne à partir de lundi, avec l’avenir de Facebook au coeur des attentions.
L’édition 2021 de la conférence destinée aux entrepreneurs et aux investisseurs de la tech, qui se tiendra du 1er au 4 novembre, espère rassembler 40.000 participants, alors qu’ils avaient été 70.000 à se rendre dans la capitale portugaise lors de la dernière édition pré-pandémie.
Mais les organisateurs constatent une « étrange euphorie » autour des préparatifs, un an après que le Covid-19 ait contraint le basculement de l’édition 2020 en événement 100% en ligne.
Le Portugal, qui affiche un des taux de vaccination les plus élevés au monde, a levé le 1er octobre la plupart des restrictions sanitaires encore en vigueur.
« Tout le monde a été enfermé pendant si longtemps. Une grande conférence équivaut un peu à une fête », a déclaré à l’AFP Paddy Cosgrave, organisateur en chef de ce « Davos des geeks » créé en 2010 à Dublin et qui se tient à Lisbonne depuis 2016.
« De plus, il y a tellement de gens qui ont créé des entreprises qui n’existaient pas il y a deux ans, et qui sont maintenant des licornes à part entière », ajoute-il.
Les dirigeants d’environ 70 « licornes » — les startups valorisées à plus d’un milliard de dollars – seront présents au Web Summit de cette année, à l’image du patron de Sorare, Nicolas Julia, nouvelle star de la « French Tech » depuis sa levée de fonds record de 580 millions d’euros fin septembre.
Facebook Papers
Mais ce sont les ennuis de Facebook qui sont davantage susceptibles d’attirer l’attention, alors que la lanceuse d’alerte et ancienne ingénieure du groupe californien Frances Haugen doit s’exprimer lors de la soirée d’ouverture, lundi à 18H00 heure française (16H00 GMT).
Depuis plus d’un mois, les « Facebook papers », des milliers de documents internes remis à l’autorité boursière américaine (SEC) par Frances Haugen, montrent comment le groupe de Mark Zuckerberg était conscient du potentiel de nuisance de ses réseaux sociaux — contenus toxiques sur Instagram pour les adolescents, désinformation qui nuit à la démocratie, … — mais a choisi, en partie, de les ignorer, par souci de préserver ses profits.
En parallèle, Facebook a aussi dû faire face, ces dernières semaines, à des pannes massives et à des appels croissants à davantage de régulation pour limiter sa vaste influence.
Frances Haugen a déjà témoigné devant les législateurs américains et britanniques, mais le Web Summit marque sa première apparition devant un public plus large.
Facebook aura l’occasion de répondre aux critiques, son vice-président Nick Clegg étant prévu au programme de mardi et son chef de produit Chris Cox mercredi.
Les deux dirigeants pourront orienter la conversation sur l’annonce du changement de nom du groupe qui va désormais s’appeler Meta pour mieux représenter toutes ses activités, même si le nom des différents réseaux restera inchangé.
Métavers
Et surtout sur la nouvelle priorité stratégique de Facebook: le développement du « métavers« , l’univers numérique parallèle qui fait rêver les géants du numérique.
Considéré comme le prochain grand saut technologique dans l’évolution d’Internet, le « métavers » sera l’un des thèmes de plusieurs conférences du Web Summit.
« Je pense qu’une partie de la discussion tournera autour des questions: +Dans quelle mesure est-ce du battage médiatique et dans quelle mesure est-ce réel ?+ », pronostique Paddy Cosgrave.
Au-delà du « métavers », les autres thèmes du Web Summit interrogeront comment la technologie peut aider à atténuer le changement climatique, alors que la grand-messe du numérique coïncide avec la conférence mondiale sur le climat COP26 en Écosse.