La poussée inflationniste en Europe sera « plus longue que prévu », mais devrait « reculer » au cours de l’année 2022, a estimé jeudi la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde qui justifie ainsi le maintien de taux d’intérêt historiquement bas.
« Même si l’actuelle hausse de l’inflation va durer plus longtemps que prévu, nous nous attendons à ce qu’elle ralentisse au cours de l’année prochaine », a-t-elle déclaré à l’issue de la réunion ordinaire du conseil des gouverneurs qui a décidé de maintenir toutes ses mesures de soutien à l’économie.
« La hausse de l’inflation reflète la combinaison de trois facteurs », à savoir la « forte hausse des prix de l’énergie », « l’augmentation de la demande liée à la réouverture de l’économie » et les effets de la « TVA en Allemagne », a-t-elle ajouté.
Or, « nous prévoyons que l’influence de ces facteurs s’atténuera au cours de l’année 2022 », a affirmé Mme Lagarde.
« Nous continuons à prévoir que l’inflation à moyen terme restera inférieure à nos objectifs de 2% », a-t-elle ajouté.
« Nous sommes absolument déterminés à atteindre cet objectif, mais nous devons le faire sur la base de données. Nous devons être patients », a souligné Mme Lagarde alors que la pression s’accentue sur la BCE pour qu’elle normalise sa politique monétaire et planifie un relèvement des taux.
La hausse des prix s’accélère depuis plusieurs mois en Europe, atteignant 3,4% sur un an en septembre.
À l’approche de l’hiver, les prix du gaz et de l’électricité flambent sur le continent, alors que la demande explose pour alimenter la reprise post-pandémie.
Par ailleurs, l’épidémie de coronavirus a bouleversé les chaînes d’approvisionnement, occasionnant des pénuries de matières premières et de composants, accroissant les tensions inflationnistes.
« Les pénuries de matériaux, d’équipements et de main-d’œuvre freinent le secteur manufacturier », a ainsi déclaré Mme Lagarde.
Les prix sont aussi stimulés par un effet de base dû au taux de TVA: en Allemagne, cet impôt a été réduit de 3 points entre juillet et décembre 2020 pour soutenir la consommation, au sortir de la première vague de Covid-19.
Dans ce pays, la hausse des prix a ainsi connu une nouvelle accélération en octobre, à 4,5% sur un an, atteignant son plus haut niveau depuis octobre 1993.
L’accélération de l’inflation inquiète les marchés, mais la Banque centrale européenne s’est pour le moment gardée de « surréagir » pour éviter de freiner la reprise économique post-pandémie.
La BCE n’a pas voulu jeudi resserrer prématurément sa politique accommodante, insistant pour le moment sur le caractère transitoire de la hausse des prix.