Depuis plusieurs mois, l’Ukraine et l’OTAN se tournent autour. En visite à Kiev cette semaine, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a lancé une nouvelle perche à l’ancienne république soviétique. Ce qui n’a pas plu du tout à la Russie.
En juin dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait envoyé un signal clair à l’adresse de l’OTAN. Il disait viser une intégration rapide de son pays au sein de l’alliance, par le biais d’un plan d’action pour l’adhésion (MAP). Sur Twitter, il avait ajouté attendre des « détails » de la part du président américain Joe Biden sur le sujet.
Une déclaration qui avait eu lieu le jour même où les membres de l’OTAN se réunissaient à Bruxelles pour un sommet d’une journée auquel l’Ukraine avait exprimé sa déception de ne pas être invitée.
Voyant la Russie masser ses troupes et ses équipements militaires près de ses frontières depuis le début de l’année, M. Zelensky exhorte les membres de l’OTAN à accélérer les procédures pour permettre à l’Ukraine d’y adhérer.
De son côté, la Russie a déjà fait part à plusieurs reprises de ses craintes de voir l’Ukraine rejoindre l’OTAN. En septembre, le Kremlin a notamment averti qu’elle considérerait toute expansion de l’infrastructure militaire dans son pays voisin comme un franchissement d’une ligne rouge. Sur ce terrain, elle peut aussi compter sur l’appui de son alliée biélorusse, dont le président Alexandre Loukachenko a déjà accusé les États-Unis de mettre en place des centres d’entraînement en Ukraine qui, selon lui, équivalent à des bases militaires.
La tension monte
Cette semaine, les relations entre les différentes parties se sont encore un peu plus tendues. En visite à Kiev, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin s’est exprimé sur la potentielle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Il a déclaré que Washington soutenait les aspirations de Kiev à rejoindre l’alliance transatlantique et qu’aucun pays ne pouvait s’opposer à une telle démarche. Une référence à peine masquée à la volonté de la Russie d’empêcher un tel rapprochement.
Il n’aura pas fallu beaucoup de temps à Moscou pour réagir. Et elle n’y est pas allée par quatre chemins. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andrei Rudenko s’est livré à l’agence de presse RIA. Si l’Ukraine rejoint effectivement l’OTAN, cela aura des répercussions.
« L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN serait une étape extrêmement dangereuse qui obligerait la Russie à agir en conséquence », a-t-il tonné. « Comme il s’agit de négociations entre l’OTAN et l’Ukraine, c’est à eux de décider quand et ce qui est nécessaire, mais nous les avons en quelque sorte prévenus, tout pas aura des conséquences. L’OTAN connaît notre position sur l’Ukraine. »
L’Ukraine cherche depuis longtemps à resserrer ses liens avec l’Occident et ses forces armées. Elle entretient des relations tendues avec la Russie depuis que Moscou a annexé la péninsule de Crimée en 2014 et soutenu les séparatistes qui combattent dans l’est du pays.