Déjà tendue, la situation politique au Brésil pourrait s’envenimer dans les prochains jours. Plusieurs anciens dirigeants mondiaux et personnalités publiques craignent en effet qu’un coup d’État militaire soit bientôt orchestré par son actuel président, Jair Bolsonaro.
Dans une lettre ouverte, un groupe influent d’anciens présidents, premiers ministres et personnalités publiques de gauche met en garde contre une menace imminente sur la démocratie brésilienne. Il affirme en effet que la marche nationale organisée ce mardi pour soutenir le président Bolsonaro pourrait mener à une insurrection contre la Cour suprême et le Congrès, à l’image de ce qu’il s’est produit le 6 janvier dernier au Capitole de Washington. Les partisans de Donald Trump avaient en effet investi le bâtiment pour empêcher l’investiture de Joe Biden qui avait soi-disant été le résultat d’une fraude électorale.
Depuis plusieurs semaines, Jair Bolsonaro n’a cessé de multiplier ses attaques contre les institutions démocratiques du Brésil. Le 10 août dernier, le président a organisé une impressionnante parade militaire pour mettre la pression sur le Congrès, alors que ses alliés tentaient d’imposer des réformes radicales du système électoral du pays. Il a également menacé à plusieurs reprises d’annuler l’élection présidentielle de 2022 si ses réformes n’étaient pas approuvées par le Congrès.
Pour faire plier ce dernier, ainsi que la Cour suprême, le président conservateur Bolsonaro et ses alliés, composés de groupes suprémacistes blancs, la police militaire et des représentants publics du gouvernement, préparent une marche nationale le mardi 7 septembre. Ce rassemblement fait craindre « un coup d’État dans la troisième plus grande démocratie du monde » au groupe d’anciens dirigeants mondiaux et personnalités publiques comprenant notamment Ernesto Samper Pizano, l’ancien président colombien, Jean-Luc Mélenchon, candidat présidentiel français ou encore Cori Bush, membre démocrate américain de la Chambre des représentants.
« Nous sommes gravement préoccupés par la menace imminente qui pèse sur les institutions démocratiques du Brésil – et nous restons vigilants pour les défendre avant le 7 septembre et après. Le peuple brésilien a lutté pendant des décennies pour protéger la démocratie du régime militaire. Bolsonaro ne doit pas être autorisé à le leur voler maintenant », indiquent-ils dans leur lettre ouverte.
La crainte d’un coup d’État est bien présente au Brésil. C’est pourquoi plus de 5.000 policiers seront déployés pour protéger le Congrès, afin d’éviter les mêmes conséquences de l’insurrection du Capitole américain qui a coûté la vie à au moins 4 personnes.
Les dirigeants de gauche exhortent à leurs partisans d’éviter les tensions et les affrontements et de ne surtout pas organiser de contremanifestation.
Ouvertement coronasceptique, Jair Bolsonaro a été particulièrement critiqué à l’échelle mondiale pour sa gestion catastrophique de la crise du coronavirus. Une part importante de la population lui en tiendra d’ailleurs rigueur lors des prochaines élections, selon les sondages, même si le président brésilien pourra tout de même compter sur un grand nombre de partisans fidèles.
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