Si l’on entend souvent parler des voitures autonomes, des ingénieurs planchent aussi sur des porte-conteneurs sans équipage à bord. Dans les prochains mois, la Norvège et le Japon vont chacun franchir un grand pas dans cette direction. Marquant tous deux une première mondiale.
Les plus fins connaisseurs le savent peut-être déjà: les ferrys autonomes existent déjà. Le premier du genre est finlandais. Développé suite à une alliance entre Rolls-Royce et Finferries, l’opérateur public finlandais de ferries, le dénommé Falco avait fin sa toute première démonstration fin 2018, dans l’archipel situé au sud de Turku. Plus précisément, il avait relié avec succès les petites villes de Parainen et de Nauvo, avec 80 invités VIP à bord, mais sans équipage.
Un navire qui évite les collisions lui-même, sans intervention humaine, et qui atteint sa destination: il s’agissait d’une première mondiale.
Bien sûr, des projets similaires murissent ailleurs sur le globe. Avec notamment deux grandes tentatives prévues pour très bientôt en Norvège et au Japon. Si les navires concernés arrivent trois ans trop tard pour être les premiers à être autonomes, ils postulent tout de même pour d’autres premières.
Premier navire cargo autonome zéro émission
- Nom: Yara Birkeland
- Développeurs: Trois sociétés norvégiennes, à savoir Kongsberg Maritime (société technologique), Vard (constructeur naval) et Yara International (société chimique)
- Particularité: Deviendra le premier cargo zéro émission au monde.
- Première sortie en mer: Fin 2021
Ce navire-cargo est sorti des chantiers l’an dernier. Pandémie oblige, son exploitation commerciale a pris du retard. Si tout se déroule comme prévu, le Yara Birkeland devrait transporter son premier conteneur, entre les villes norvégiennes de Herøya et de Brevik, avant la fin de cette année, rapporte la CNBC.
Pour sa première sortie, le cargo naviguera en parfaite autonomie, mais le chargement et le déchargement nécessiteront l’intervention de l’homme. Par la suite, ces opérations, ainsi que l’accostage et le désarrimage du navire, finiront également par être réalisées à l’aide de technologies autonomes. Cela impliquera le développement de grues et de charriots cavaliers – les véhicules qui placent les conteneurs que les navires – autonomes. Réaliser tout ce processus sans aucune intervention humaine rendra le navire beaucoup plus rentable.
L’autre atout du Yara Birkeland, certainement pas négligeable, est qu’il n’émettra ni dioxyde de carbone, ni oxyde d’azote. Il sera entièrement électrique. Capable de transporter 103 conteneurs et d’atteindre une vitesse maximale de 13 nœuds, il utilisera une batterie de 7 MWh, avec « environ mille fois la capacité d’une voiture électrique », selon Jon Sletten, directeur de l’usine de Yara à Porsgrunn, en Norvège. Le cargo sera chargé à quai « avant de naviguer vers les ports à conteneurs le long de la côte, puis de revenir, remplaçant ainsi 40 000 trajets en camion par an. »
Plus de 95% de l’électricité norvégienne est d’origine hydraulique. L’énergie hydroélectrique engendre tout de même de faibles émissions de gaz à effet serre.
Premier navire cargo autonome dans une zone à fort trafic maritime
- Nom: Pas encore déterminé
- Développeurs: La Nippon Foundation (organisme d’utilité publique japonais), Nippon Yusen KK (plus grande compagnie maritime japonaise) et MTI (entreprise technologique japonaise)
- Particularité: Deviendra le premier cargo à naviguer dans une zone à fort trafic maritime
- Première sortie en mer: Février 2022
Faire voyager un navire sans équipage, c’est bien, le faire se faufiler à travers des eaux extrêmement fréquentées, c’est encore mieux. Et beaucoup plus complexe. C’est le défi auquel sont attelés les différents concepteurs de ce cargo japonais, relate Bloomberg.
Au début de l’année prochaine, il sera lancé sur un voyage de 380 km, sans humain à bord, dans une zone à fort trafic maritime. À savoir depuis la baie de Tokyo jusqu’à Ise, au sud. Toutes les informations (données météorologiques, radars, etc) de ce premier essai grandeur nature seront collectées et traitées dans un centre de soutien à terre. Les instructions seront ensuite transmises au navire. En cas de problème, le centre pourra prendre la direction du navire à distance.
La technologie pourrait être fin prête pour 2025. Le Japon a d’immenses ambitions en matière de navires autonomes. À l’image de sa population, sa main-d’œuvre vieillit rapidement. Et se réduit. De plus, l’autonomisation des bateaux pourrait offrir de meilleures garanties de sécurité, ce qui permettra en même temps de réduire les coûts des assurances. Les études sur la sécurité du secteur maritime montrent qu’environ 70 % des accidents maritimes sont dus à une erreur humaine.
La Nippon Foundation souhaite ainsi que les navires autonomes représentent 50% de la flotte nationale d’ici 2040. Selon ses calculs, cela aurait un impact positif d’environ 9,1 milliards de dollars (7,5 millions d’euros) pour l’économie japonaise en 2040.
Pour aller plus loin: