Le prix de l’électricité s’envole depuis janvier 2021 sur les marchés de gros. De quoi impacter votre facture d’électricité ? Pas dans un premier temps. Mais la tendance à long terme pourrait être défavorable.
Les détails: les prix du marché à long terme (forward) de l’électricité sont repartis à la hausse après une année 2020 très favorable. On approche la barre des 80 euros par MWh contre 30 euros lors du confinement d’avril 2020. Les prix du marché à court terme (spot) suivent la même tendance: on a franchi la barre des 100 euros par MWh à plusieurs reprises ces derniers mois, contre 20-50 euros par MWh ces dernières années à la même époque.
Pourquoi est-ce important ?
Ce constat inquiète plusieurs experts en énergie, et même l'ancienne ministre fédérale de l'énergie Marie-Christine Marghem (MR), pour qui la cause est toute trouvée: il faut produire de l'énergie meilleure marché, selon un mixte énergétique qui comprendrait l'énergie nucléaire, et dont la Belgique veut se débarrasser. C'est en tout cas écrit dans l'accord du gouvernement.
Le prix de la tonne de CO2
- Pourtant, les causes vont au-delà des frontières belges. Et la première d’entre elles est à trouver dans le prix de la tonne de CO2. Il s’agit des quotas d’émission imposés par l’Europe. Chaque exploitant de centrales électriques – au même titre que l’industrie ou l’aéronautique – doit payer pour pouvoir émettre du CO2.
- Largement dysfonctionnel à ses débuts, le système du prix de la tonne de CO2 s’établissait à moins de 10 euros entre 2012 et 2018. Entre 2019 et 2020, il était compris entre 25 et 30 euros.
- Mais avec des objectifs climatiques revus à la hausse en Europe (réduction de 55% du CO2 d’ici 2030), le prix de la tonne de CO2 poursuit sa progression. Depuis avril, il tourne autour des 50 euros.
- Il y a beaucoup de spéculation. Car les acteurs du secteur anticipent une hausse du prix dans le futur, et préfèrent donc acheter leurs quotas (non périssables) dès maintenant, ce qui fait grimper les prix.
Le prix du gaz
- Autre facteur qui est pointé du doigt: le prix du gaz. Il a été multiplié par 5 depuis un an (contexte de crise sanitaire). Et on produit de l’électricité avec le gaz.
- Son augmentation est là aussi le fruit de plusieurs facteurs. Sans trop entrer dans les détails, on peut citer le déclin progressif du pétrole dont le gaz est pour le moment dépendant, et un sous investissement dans la filière au bénéfice des énergies renouvelables.
- En outre, comme le note le Creg, la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz, cité par l’Echo, on constate en Europe un niveau de stockage du gaz environ 37% inférieur à la moyenne, ce qui oblige à importer du gaz, et donc contribuer à en augmenter le prix.
Parmi les autres facteurs qui expliquent la hausse du prix de l’électricité en 2021, on peut encore citer la reprise économique, avec des matières premières qui connaissent une forte inflation, ou les températures fraiches du printemps dernier.
Et votre facture ?
- Devez-vous attendre une note plus salée ? Pas trop dans un premier temps. Car le coût est pour le moment supporté par les producteurs d’électricité, et ensuite les fournisseurs.
- Rappelons que la partie énergie de votre facture d’électricité ne compte que pour 20 à 30% du prix total. Le reste, ce sont les frais de réseau, de transport, la TVA et les redevances. Au même titre que les accises pour votre plein d’essence.
- Pour ceux qui bénéficient d’un contrat fixe, pas d’inquiétude, en tout cas jusqu’à la fin dudit contrat. Pour les contrats à prix variable par contre, attendez à du changement.
- On ne rappellera jamais assez que pour faire baisser votre facture d’électricité, il faut faire jouer la concurrence, et ne pas rester ad vitam chez le même fournisseur
L’essentiel. Reste que pour certains experts, cette tendance est structurelle. Les énergies renouvelables, indispensables, coûtent cher. Et le prix du CO2 ne fera selon eux qu’augmenter, entrainant une baisse de compétitivité des énergies fossiles. Conséquence: pour respecter les réductions de carbone fixées par l’Europe, les États devront compléter les énergies renouvelables avec une énergie neutre en carbone et réputée moins chère (ce qui est contredit par les écologistes) : le nucléaire.
Pour aller plus loin: