Il devient de plus en plus évident que l’exposition aux particules fines dans l’air, provenant principalement du transport et de l’industrie, est nocive pour le cerveau. Même une augmentation brève et temporaire des particules en suspension dans l’air peut nuire à la santé du cerveau. Une nouvelle étude montre que cela affecte la mémoire et la réflexion chez les hommes âgés.
Les scientifiques ont constaté que les performances cognitives des hommes diminuaient après une augmentation de la pollution atmosphérique au cours du mois précédant le test, même si les niveaux des pics restaient inférieurs aux seuils de sécurité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ces résultats viennent s’ajouter aux preuves croissantes que l’exposition aux particules fines présentes dans l’air est nocive non seulement pour le cœur et les poumons, mais aussi pour les tissus nerveux vulnérables du cerveau.
Un effet clair, même à des niveaux régulièrement dépassés dans notre pays
Des chercheurs américains et chinois ont recueilli les résultats de plusieurs tests cognitifs effectués auprès d’environ 1.000 hommes vivant dans la région de la ville de Boston et les ont comparés aux niveaux locaux de PM2,5 – des particules fines d’une taille inférieure à 2,5 micromètres. Les hommes participant à l’étude étaient blancs et avaient un âge moyen de 69 ans.
Dans la revue scientifique Nature Aging, les chercheurs décrivent comment des niveaux plus élevés de PM2.5 jusqu’à quatre semaines avant le test étaient liés à des performances cognitives plus faibles dans des tâches allant de la mémoire des mots au rappel des chiffres et à la fluidité verbale. L’effet était évident même lorsque les concentrations de PM2,5 restaient inférieures à 10 microgrammes par mètre cube, un niveau couramment dépassé dans nos villes.
Encore plus étonnant, l’étude a montré que les résultats des tests étaient moins affectés par les augmentations à court terme de la pollution atmosphérique si les hommes prenaient de l’aspirine ou d’autres médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (connus sous le nom d’AINS). Ces analgésiques pourraient donc aider en réduisant l’inflammation causée par les particules fines qui pénètrent dans le cerveau.
Bien que l’OMS indique que les niveaux de PM2,5 ne doivent pas dépasser la moyenne annuelle de 10 microgrammes par mètre cube, notre pays a adopté une limite plus élevée de 25 microgrammes par mètre cube, qui correspond à la directive européenne. L’OMS fonde ses valeurs consultatives uniquement sur des études sanitaires et ne tient donc pas compte de la faisabilité ou des intérêts économiques. Selon l’OMS, il n’existe pas de seuil de sécurité en dessous duquel aucun effet néfaste ne se produit.
Une exposition prolongée provoque des lésions cérébrales permanentes
L’impact d’un air toxique sur la santé respiratoire et cardiovasculaire est bien documenté et les preuves de dommages au cerveau s’accumulent. Des études ont établi un lien entre la pollution atmosphérique et la diminution de l’intelligence et la démence. Pas plus tard qu’en février dernier, une étude a montré que l’exposition à la pollution l’air pendant l’enfance était liée à de moins bonnes capacités de réflexion plus tard dans la vie.
La nouvelle étude confirme l’existence d’un lien entre la pollution atmosphérique et le fonctionnement d’un cerveau vieillissant. À noter que les effets à court terme sont réversibles: lorsque la pollution de l’air disparaît, notre cerveau redémarre et travaille à nouveau à son niveau initial. Mais les expositions prolongées à des niveaux élevés de particules fines causent par contre des dommages permanents.
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