Testée positive au VIH il y a huit ans, une trentenaire originaire d’Argentine a finalement réussi à éliminer naturellement le virus. C’est le deuxième cas du genre observé au monde, sept mois après qu’une Californienne de 67 ans y soit également parvenue. Ces deux cas enthousiasment les chercheurs, qui pensent pouvoir s’en servir pour améliorer les traitements.
Cette patiente avait été diagnostiquée comme étant séropositive en 2013. Son petit ami de l’époque est décédé du sida. Son compagnon actuel est séronégatif, ainsi que son jeune enfant. Elle, n’a jamais développé la maladie et est en parfaite santé.
Cette semaine, un groupe de chercheurs travaillant sur le VIH a annoncé qu’il n’y avait plus de virus pathogène ou « intact » dans l’organisme de la patiente. Elle n’a jamais pris de traitement antirétroviral, censé freiner la propagation du virus et de la maladie.
En août dernier, une habitante e San Francisco, âgée de 67 ans, avait elle aussi éliminé le virus naturellement. ‘Trouver un patient avec cette capacité naturelle de guérison fonctionnelle (aucun virus ne pouvait se reproduire) est une bonne chose, mais en trouver deux signifie beaucoup plus. Cela signifie qu’il doit y avoir plus de gens comme elles dans la nature. C’est un grand pas en avant dans le monde de la recherche sur les traitements contre le VIH. Lors du diagnostic, ses tests nous ont tous surpris.’, a déclaré le Dr Natalia Laufer, médecin de la patiente et chercheuse sur le VIH à Buenos Aires, interrogée par le Times.
Un signal d’espoir
Normalement, lorsqu’une personne est infectée par le VIH, le virus s’attache à l’ADN de ses cellules immunitaires et se reproduit à partir de là. Les médicaments antiviraux actuels garantissent la bonne santé du système immunitaire des patients séropositifs afin de réduire le risque de progression de la maladie, mais ils sont coûteux.
Ces deux femmes font partie de ce qu’on appelle les « contrôleurs du VIH », un groupe qui rassemble à peine 1 une personne séropositive sur 200. Chez ces patients, la plupart du virus se fixe dans des parties inactives du génome, appelées « déserts génétiques », sans causer de dommages. Leur organisme arrive, spontanément et durablement, à contrôler la réplication virale, maintenant le virus indétectable ou presque dans le plasma. Dans ces deux cas, l’organisme est parvenu à se débarrasser totalement du virus.
‘Les précédentes « guérisons » du VIH concernaient des transplantations de cellules souches à haut risque pour des patients atteints d’un cancer en phase terminale. Cette nouvelle découverte et la nouvelle compréhension de la façon dont les corps des contrôleurs traitent le virus ouvrent la porte à un traitement potentiel’, a souligné la professeure Xu Yu, chercheuse au Rangoon Institute et à la Harvard Medical School.
Ainsi, bien plus que de simplement la constater, les chercheurs ont compris le processus de guérison naturelle de la patiente argentine. Les scientifiques ont pu montrer l’emplacement exact du matériel génétique du VIH dans l’organisme après une infection. En imitant le modèle de ces contrôleurs d’élite, ils pourraient mettre au point un traitement permettant de « forcer » le virus à se loger dans ces déserts génétiques et de le rendre inoffensif. D’après le Dr Steeve Deeks, de l’université de Californie, un vaccin thérapeutique pourrait également être utilisé, afin de tuer les parties actives restantes du virus.