Le Premier ministre a demandé aux scientifiques qui conseillent le gouvernement d’envisager les différents scénarios à venir. En faisant preuve de transparence sur les données épidémiologiques. Expliquer pourquoi nous ne déconfinons pas maintenant. Que retenir de la conférence de presse ?
Les porte-paroles néerlandophone et francophone du centre de crise ont pris la parole.
- ‘Nous avons besoin de garder un équilibre. Nos chiffres sont extrêmement stables. Ce n’est pas dû au hasard, mais aux mesures qui nous mènent dans cette situation’
- ‘Au pic de la 2e vague (plus importante encore que la 1ère), il y avait 899 admissions par jour dans les hôpitaux, contre 100 à 150 maintenant. Nous ne sommes toutefois pas dans la vallée, mais au pied de la montagne. Et comme on le sait, on peut très vite revenir en haute montagne avec ce virus.’
- ‘Nous ne sommes pas du tout dans la situation favorable des mois de juin-juillet. Au niveau météo, mais aussi au niveau sanitaire (hospitalisations, soins intensifs et décès).’
- ‘Dans les premiers mois de la pandémie, la Belgique a subi la plus haute mortalité d’Europe et peut-être du monde. Mais à présent, par million d’habitants, la situation est meilleure que dans les pays voisins.’
- ‘Je sais que la culture reste entravée, mais comparativement aux autres pays, la mobilité autorisée est plus grande en Belgique que dans de nombreux pays, notamment nos voisins.’ Autrement dit, on peut encore faire des choses en Belgique, comme le montrent les données de mobilité des Belges.
- ‘Les Pays-Bas ont des mesures beaucoup plus dures (fermeture des écoles), la France également (couvre-feu). Il faut prendre du recul sur notre situation.’
- ‘Plus les choses dérapent, plus les mesures seront sévères.’
- ‘En fin de compte, la situation n’est pas fort différente du mois de novembre. Le contexte global n’a pas changé de manière drastique.’
Quid des prochaines semaines ?
- ‘Le futur n’est plus très loin. Il est à quelques semaines devant nous. Le beau temps permettra de retrouver plus de liberté. La vaccination permettra aussi de faire progresser la situation.’
- ‘Les variants devront être tenus à l’œil. Le croisement entre la courbe des vaccins et la courbe des variants sera une donnée décisive.’
Les scénarios envisagés
4 modèles ont été développés par les universités d’Hasselt et d’Anvers. Pour chacun d’entre eux 3 scénarios sont envisagés, du plus favorable au moins favorable (jaune, bleu, rouge). Le variant britannique (dont nous ne connaissons pas encore la réelle contagiosité) va devenir le variant dominant. Mais nous avons toutefois su maintenir ce variant pour ne pas connaitre de 3e vague. Il s’agit donc de LA grosse incertitude qui affecte ces modèles.
- Pas d’assouplissements
– Selon le scénario le plus défavorable, on connaitrait une petite 3e vague.
– Selon le scénario le plus probable, le plateau actuel perdurerait pour diminuer par la suite. - Assouplissements (comme au mois de septembre) au 1er mars
– Le scénario le plus probable nous montre une 3e vague plus importante que la 1ère vague (mars).
– Le scénario le plus défavorable nous prédit une 3e vague bien plus importante que la 2e vague (novembre).
– Le scénario le plus favorable suggère une 3e petite vague. - Assouplissements au 1er avril
– Le scénario le plus probable nous mène vers un plateau montant. - Assouplissements au 1er mai
– Le scénario le plus probable nous mène vers un plateau descendant.
À noter que les modèles ne prennent pas en compte la situation météorologique. Un facteur qui peut lui aussi influencer positivement les courbes épidémiques.
Anticiper l’immobilisme ?
Au Premier ministre de conclure: ‘En cette période, il faut entendre ce que la science nous dit. Est-ce que le temps est venu de déconfiner la semaine prochaine ou la semaine d’après ? Non. Mais les modèles nous montrent qu’on est plus très loin’.
La perspective d’une 3e vague s’éloigne petit à petit, selon Alexander De Croo (Open VLD). Mais tout dépendra de l’effet de la vaccination et des nouveaux variants. Nous en saurons sans doute davantage ce vendredi lors du prochain comité de concertation. Mais une chose est sûre: l’heure n’est pas encore au déconfinement.
Les premières critiques ont en tout cas fusé. Le Premier ministre aurait agi sans beaucoup de concertation, histoire de couper l’herbe sous le pied des éventuels partisans du déconfinement. On sait que le MR pousse depuis des semaines pour rouvrir certaines vannes (les métiers de contact, et maintenant la levée de l’interdiction des voyages, le couvre-feu…). Les libéraux francophones sont soutenus par de plus en plus de voix au sein du gouvernement (au PS, chez Ecolo).
Le Premier ministre et son ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) suivent surtout l’avis des experts flamands, parmi lesquels se trouvent les plus ‘alarmistes’. Certains se demandent d’ailleurs où était le ministre de la Santé. Pourquoi le Premier ministre était-il seul ? Seuls les ministres-présidents des Régions auraient été prévenus.
En présentant tant de scénarios possibles, favorables ou défavorables, on ne sait finalement pas très bien ce que l’avenir nous réserve. En envisageant le pire, on prépare toutefois l’immobilisme.