Bien décidés à faire preuve de fermeté envers la Chine, les États-Unis ont fait naviguer un destroyer à proximité des Îles Spratleys, dont la souveraineté est revendiquée par Pékin. Une opération militaire accompagnée d’un discours qui a le mérite d’être clair.
Depuis son entrée en fonction, Joe Biden a plusieurs fois rappelé le soutien des États-Unis à ses alliés asiatiques. Le président joint l’acte à la parole. Ce mercredi, l’US Navy a envoyé un destroyer USS Russel à moins de 12 miles nautiques des îles Spratleys.
Cet archipel, situé dans la mer de Chine méridionale, fait l’objet de nombreuses convoitises. Pékin revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité du territoire. Elle y a installé des avant-postes fortifiés sur des récifs artificiels. Brunei, la Malaisie, le Vietnam, Taïwan et les Philippines ont également déposé des revendications concurrentes pour certaines ou la totalité des îles.
‘Cette opération de liberté de navigation (« FONOP ») a permis de défendre les droits, les libertés et les utilisations légitimes de la mer reconnus par le droit international en contestant les restrictions illégales au passage inoffensif imposées par la Chine, le Vietnam et Taiwan’, a déclaré le lieutenant Joe Keiley, porte-parole de la 7e flotte de la marine américaine, dans un communiqué.
La Chine, le Vietnam et Taiwan demandent chacun que tout navire militaire étranger fasse une demande d’autorisation ou envoie une notification préalable à tout passage inoffensif. En envoyant son destroyer sans les prévenir, l’US Navy a donc contesté ces restrictions, qu’elle juge donc illégales.
‘Les revendications maritimes illégales et généralisées dans la mer de Chine méridionale constituent une grave menace pour la liberté de la mer, y compris les libertés de navigation et de survol, le libre-échange et le commerce sans entrave, ainsi que la liberté des opportunités économiques pour les nations riveraines de la mer de Chine méridionale’, a ajouté Keiley.
L’escalade se poursuit
Cette opération américaine est la troisième de ce type en l’espace de quinze jours. Début février, les États-Unis avaient fait naviguer un autre destroyer dans les Îles Paracel, où la Chine a également accru sa présence militaire. Cet archipel, lui aussi situé en mer de Chine méridionale, fait l’objet de revendications de la part de la Chine, de Taïwan et du Vietnam. Là aussi, l’US Navy avait qualifié son opération de FONOP.
À la suite de cette opération, l’Armée populaire de libération avait indiqué avoir suivi et mis en garde le navire américain. Celui-ci, qui a pénétré sur le territoire chinois, ‘a gravement violé la souveraineté et la sécurité de la Chine, a gravement compromis la paix et la stabilité régionales, et a délibérément perturbé la bonne atmosphère de paix, d’amitié et de coopération dans la mer de Chine méridionale’, avait-on pu lire dans le rapport de l’armée chinoise.
Une vive réaction qui n’avait pas empêché les États-Unis de faire effectuer des exercices à deux de ses porte-avions, à nouveau en mer de Chine méridionale, moins d’une semaine plus tard. ‘[Cette opération] nous a permis de nous assurer que nous sommes tactiquement compétents pour relever le défi du maintien de la paix et que nous sommes en mesure de continuer à montrer à nos partenaires et alliés dans la région que nous sommes engagés à promouvoir un Indo-Pacifique libre et ouvert’, avaient justifié les Américains.
Tensions loin d’être apaisées
Sous Donald Trump, les relations entre les États-Unis et la Chine n’avaient eu cesse de s’envenimer. Covid-19, commerce, Hong Kong, Taïwan et traitement des Ouïghours faisaient notamment partie des nombreux points de dissension entre les deux plus grandes puissances mondiales.
Ces dernières semaines, Biden a insisté sur le fait que la Chine était ‘le concurrent le plus sérieux des États-Unis’, tout en précisant qu’il ne comptait pas ‘faire comme Trump’. Comprenez qu’il souhaite consulter les acteurs des différentes problématiques avant d’agir, tout en ‘respectant les règles internationales’.
Afin de gérer la question chinoise au mieux, le président américain a annoncé la semaine dernière la mise sur pied d’une taskforce dédiée au sujet.
Le nouveau chef du Pentagone, Lloyd Austin, a estimé que la Chine constituait un grand défi pour son pays car Washington veut dissuader Pékin sur le plan militaire, mais coopérer avec la Chine sur le plan économique.