L’économiste en chef de l’OCDE prévient les gouvernements: ‘Ne commencez pas à épargner tout de suite pour réduire votre dette’

Laurence Boone, économiste en chef du groupe de réflexion de l’OCDE, a adressé une mise en garde aux gouvernements du monde entier contre une transition trop rapide vers l’épargne après les lourds investissements réalisés pour maintenir l’économie à flot durant la pandémie.

C’est ce que Laurence Boone a déclaré dans une interview accordée au journal britannique, le Financial Times. Elle craint que la population ne se révolte dans les pays où les gouvernements tentent trop rapidement de ramener les déficits budgétaires et la dette publique à leur niveau d’avant la pandémie, en ayant recours à l’épargne et/ou à une augmentation des impôts.

Ne vous serrez pas la ceinture trop vite

Son message adressé à tous les pays est le suivant : ‘Continuez à soutenir l’économie avec des dépenses publiques plus élevées et des impôts plus faibles’. Le but est d’éviter à tout prix ce que Laurence Boone appelle la ‘chute’ occasionnée par la crise financière d’il y a dix ans. ‘L’erreur que nous avons commise à l’époque n’était pas un manque de stimulation lors de la chute du PIB en 2009, mais c’est ce qui s’est passé les années suivantes’ explique-t-elle. ‘La principale leçon à retenir de cette crise est que les gouvernements ne devraient pas se serrer trop vite la ceinture dans les années qui suivent une chute du PIB’.

Laurence Boone, économiste en chef de l’OCDE

Bien que ce ne soit pas la première fois que des organisations telles que le FMI et l’OCDE appellent à une relance gouvernementale à long terme, l’appel de Laurence Boone a beaucoup de poids. Pendant la crise de 2008, l’OCDE s’est positionnée comme un modèle de politique budgétaire rigoureuse, avec pour objectif principal de réduire la dette. 

Aujourd’hui, Laurence Boone préconise une approche fondamentalement différente de la part des gouvernements face à une dette publique. ‘Nous devons sortir du schéma de pensée selon lequel il existe une politique budgétaire globale visant à réduire la dette publique à un niveau prédéterminé’, a-t-elle déclaré. Cela ne va pas de soi dans l’UE, par exemple, où de tels niveaux d’endettement sont fixés dans de nombreux traités.

Les Banques centrales?

C’est un point important dans l’ensemble de l’argumentation de Laurence Boone : elle insiste sur le fait que la responsabilité d’une politique de relance et de récupération saine repose sur les gouvernements, et non sur les Banques centrales. Ces dernières supportent désormais une grande partie de la charge grâce à des taux d’intérêt zéro et à des programmes d’achat visant à injecter des liquidités sur le marché. ‘Cette politique a atteint ses limites’, estime Boone. Le véritable défi réside maintenant dans une politique fiscale intelligente, et c’est le travail des gouvernements (élus).

‘Il n’est pas sain de faire de la politique monétaire – qui est déterminée par des personnes indépendantes, responsables mais non élues démocratiquement – la force motrice des mesures de stabilisation’, conclut-elle. 

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