La pandémie risque de plonger la Russie dans un cauchemar démographique

En Russie, la crise du coronavirus menace de se transformer en cauchemar démographique. Le pays mise sur l’arrivée de travailleurs venus d’Asie centrale pour faire face à sa crise démographique, mais depuis l’éclatement de l’épidémie, le nombre de migrants a chuté de façon spectaculaire, rapporte le site d’information russe Moscow Times. Selon les statistiques, le nombre de migrants en Russie a diminué de près de 50% cette année.

‘Près de la moitié des migrants qui travaillaient en Russie avant l’éclatement de la crise du coronavirus ont quitté le pays, selon les déclarations des autorités russes’, écrit le Moscow Times. ‘On estime qu’il y a encore aujourd’hui environ 6,3 millions d’étrangers en Russie.’

‘Au cours d’une année normale, la population étrangère en Russie tourne entre neuf et onze millions de personnes. Cependant, depuis le déclenchement de la crise du coronavirus, ce nombre a commencé à diminuer. Au cours des derniers mois, jusqu’à cinq millions de travailleurs étrangers auraient quitté la Russie.’

Frontières fermées

La Russie a fermé ses frontières au printemps dernier. Cette mesure a depuis été partiellement annulée, mais seuls les citoyens d’un nombre limité de pays sont autorisés à entrer dans le pays. Lorsque les autorités russes ont décrété un lockdown national à la fin du mois de mars, des milliers de travailleurs migrants ont décidé de rentrer chez eux.

Certains ont essayé de trouver un vol vers leur pays d’origine. D’autres ont décidé d’entreprendre un long voyage à travers le pays jusqu’à la frontière, notamment avec le Kazakhstan. Les Ouzbeks et les Kirghizes, par exemple, ont souvent opté pour cette solution. Cependant, bon nombre d’entre eux ne sont pas parvenus à franchir les frontières et se sont finalement retrouvés dans toutes sortes de camps d’accueil à proximité.

En Russie, les travailleurs étrangers ont été parmi les groupes de population les plus touchés par la crise. Un rapport d’un organisme de recherche sur la migration et l’ethnicité basé à Moscou a montré que les trois quarts des migrants s’étaient retrouvés sans emploi au cours du lockdown au printemps. Chez les Russes de souche, ce chiffre était tombé à 48%.

‘Les migrants sont également plus susceptibles de travailler dans des secteurs qui ne sont pas en mesure de recourir au travail à distance’, note le Moscow Times. ‘En outre, les travailleurs étrangers sont aussi plus souvent actifs dans les zones grises de l’économie, où il n’existe aucune protection du travail.’

Le marché du travail

Toutefois, le départ des migrants pourrait causer de graves problèmes à l’économie russe. ‘Depuis la désintégration de l’Union soviétique, la Russie a dû compter sur l’arrivée de centaines de milliers de migrants chaque année pour faire face à une crise démographique nationale’, explique le Moscow Times.

‘Selon les chiffres de l’office statistique russe, il ressort que l’immigration a diminué de 60% cette année par rapport à la précédente. De nombreuses entreprises dans des secteurs-clés ont déjà prévenu que le déclin de la migration menaçait d’entraîner des pénuries de main-d’œuvre.’

Le secteur de la construction, entre autres, serait gravement touché. ‘Cette industrie est en plein essor, grâce à un système d’hypothèque bon marché mis en place avec le soutien du gouvernement’, indique le site d’information. ‘Mais le secteur de la construction doit fortement compter sur les travailleurs étrangers, et il est actuellement incapable de trouver suffisamment de candidats pour pourvoir ses postes vacants.’

Le monde des affaires demande donc au gouvernement russe de prendre des mesures qui faciliteraient le retour des travailleurs potentiels.

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