Hong Kong risque d’être confronté à un véritable exode de ses ressortissants. D’après l’agence de presse Bloomberg, qui se base sur des données du Bureau des passeports britannique (British Passeport Office), un nombre grandissant d’habitants de l’enclave chinoise envisagent de s’installer au Royaume-Uni.
Ces chiffres montrent que 216.398 résidents de Hong Kong ont demandé et obtenu le statut de British National Overseas (BNO) au cours des dix premiers mois de 2020. Conséquence: l’intérêt des habitants de Hong Kong pour l’émigration a atteint son niveau le plus élevé depuis que l’enclave a été restituée à la Chine par le Royaume-Uni, il y a 23 ans.
Craintes pour leurs libertés
« Au début de l’année, lorsqu’il est apparu que la Chine renforçait clairement son emprise sur Hong Kong, il était déjà prévu que de nombreux résidents de l’ancienne colonie britannique tenteraient d’émigrer », écrit Bloomberg. Les chiffres du Bureau des passeports britannique le confirment.
Au cours du seul mois d’octobre, 59.798 résidents de Hong Kong ont reçu des documents les reconnaissant comme « ressortissants britanniques d’outre-mer » (British National Overseas). C’est 52 % de plus que lors de la même période de l’année dernière. Il s’agit du chiffre mensuel le plus élevé depuis que les autorités britanniques ont commencé à fournir des documents actualisés, il y a cinq ans. Si l’on tient compte d’une journée de travail de huit heures, plus de cinq nouveaux passeports sont délivrés chaque minute.
Au vu des nouvelles lois chinoises sur la sécurité, de nombreux habitants de Hong Kong craignent une nouvelle perte de leurs libertés. Les demandes de passeport ont commencé à augmenter en juillet, lorsque le Royaume-Uni a amélioré le statut des titulaires du document.
Le British National Overseas est un concept qui remonte à l’époque coloniale britannique. Ce document visait à reconnaître les résidents de Hong Kong comme des citoyens britanniques d’outre-mer, mais ne donnait à ses détenteurs le droit de séjourner au Royaume-Uni que pour une période de six mois. Depuis la dernière modification, cette période a été portée à cinq ans. Elle facilite également l’acquisition de la pleine citoyenneté britannique pour ses titulaires.
La Chine réagit
La Chine s’est indignée de la décision du Royaume-Uni. Elle a parlé d’ingérence inappropriée dans les affaires intérieures chinoises. Elle a également menacé de ne pas reconnaître le passeport comme un document de voyage valide. Ce qui pourrait empêcher les détenteurs dudit passeport de quitter Hong Kong.
Pendant ce temps, les agents immobiliers de Londres remarquent eux aussi un intérêt croissant de la part de résidents de Hong Kong. Certaines agences affirment avoir reçu près de 80% de demandes de plus que l’année dernière venant de leur part.
Selon une étude du gouvernement britannique, on estime à 2,9 millions le nombre de résidents hongkongais éligibles pour un passeport britannique. Il en va de même pour les 2,3 millions personnes à charge de ceux-ci. Selon les autorités britanniques, 322.000 résidents de Hong Kong sont susceptibles de s’installer au Royaume-Uni au cours des cinq prochaines années.