Lire les mémoires de Barack Obama peut faire penser à ces quelques mots prononcés par l’écrivain James Baldwin en 1970 : ‘L’espoir s’invente tous les jours’. Inventer l’espoir, cela a été pendant plusieurs années l’une des priorités de Barack Obama. Mais aujourd’hui, délesté de ses fonctions de président, il avoue, dans son ouvrage paru aujourd’hui dans 23 pays, que la tâche était bien plus complexe qu’elle n’y paraissait.
Il s’agit du troisième livre publié par Barack Obama. L’ancien président avait déjà été salué en tant qu’auteur en 1995 avec son premier volume intitulé Les Rêves de mon Père, ainsi qu’en 2006, avec l’Audace d’espérer.
Au moment où Barack Obama a envoyé sa préface chez l’imprimeur, il ignorait encore qui de Joe Biden ou de Donald Trump allait remporter la présidentielle américaine. L’ouvrage, qui fait 768 pages en anglais (848 pages en français), est étoffé de références à Hemingway, à Yeats, et revêt un caractère assez littéraire, chose à laquelle on pourrait ne pas s’attendre dans un volume publié par un ancien président. Il y aborde son investiture, mais aussi ses échecs et ses déceptions, avec un certain recul.
Une remise en question?
‘A Promised Land’ (Une Terre promise), qui est le premier tome de ses mémoires, peut se lire comme une conversation que Barack Obama entretient avec lui-même. Dans ce livre, il s’adonne volontiers à l’auto-questionnement. Il se demande si son premier désir de se présenter aux élections n’était pas plutôt une question d’ego, de complaisance ou propre à l’envie de ceux qui ont ‘besoin de plus de succès’. Il s’interroge sur son ambition, se demande si les sacrifices qu’il a faits en valaient la peine, etc. Une remise en question quelque peu critiquée par les journalistes du New York Times.
Il admet également avoir eu beaucoup d’idéaux. ‘Je reconnais que certains pensent qu’il est temps de se débarrasser de ce mythe [de l’Amérique], qu’un examen du passé de l’Amérique et un coup d’oeil même rapide aux titres des journaux montrent que les idéaux de ce pays’ sont toujours passés au second rang face à un ‘capitalisme de requins’ et ‘un système de castes suivant des lignes raciales’.
3 millions d’exemplaires
Barack Obama évoque également ses origines, son évolution dans la politique et son ascension vers la Maison-Blanche. Le roman ne couvre malheureusement que les trois premières années de sa présidence (jusqu’en 2011) .
Si celui qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2009 aborde sa jeunesse et son ascension vers la présidence pendant les 200 premières pages du livre, ce n’est qu’à la page 672 qu’il mentionne Donald Trump, en faisant part de ses inquiétudes face à la montée du nativisme et au tribalisme, que son élection semble avoir déclenché: un parti d’opposition implacable et des médias conservateurs de plus en plus déconnectés de la vérité.
Le premier tirage du troisième livre de Barack Obama se chiffre à 3 millions d’exemplaires. Un tirage assez inhabituel : l’éditeur (Crown Publishing Group) a d’ailleurs été contraint de faire imprimer une partie des ouvrages en Allemagne.
Et si, pour l’heure, les réactions des lecteurs se font attendre, l’ouvrage apparaît déjà numéro 1 dans la liste des best-sellers sur Amazon, ce qui laisse présager un certain succès au premier volet de sa biographie.