La performance de Taïwan dans la lutte contre le Covid-19 reste sous-exposée. Le pays compte 23,5 millions d’habitants, mais n’a enregistré jusqu’à présent que 499 cas confirmés de coronavirus et 7 décès. Le pays étant coupé de toute participation aux initiatives des Nations Unies depuis 1971, sa voix reste manquante au sein de la communauté internationale.
Les bonnes performances de Taïwan ne sont pas seulement dues au fait que le pays soit une île. Les récentes expériences traumatisantes du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003 et du H1N1 en 2009 ont conduit Taïwan à la mise en place d’un mécanisme d’urgence pour lutter contre les épidémies, y compris l’éventualité de devoir mobiliser l’armée.
Le mécanisme d’urgence a déjà été activé le 20 janvier 2020
Le 20 janvier 2020, trois jours avant que la Chine n’informe le monde de la situation à Wuhan, et des semaines avant que la menace de Covid-19 ne se concrétise, ce mécanisme d’urgence était déjà activé. Outre les transports, les douanes et l’éducation, le commandement central de la lutte contre les épidémies comprend une série d’autres secteurs.
Des mesures ont été prises très rapidement et sont toujours en vigueur aujourd’hui. Les frontières ont été fermées et le port du masque dans les lieux publics reste obligatoire. Les personnes qui ont été en contact avec des cas confirmés sont retracées et suivies. Enfin, les personnes sont surveillées pendant leur quarantaine. Par exemple, les personnes infectées reçoivent un téléphone portable, qui leur permet d’enregistrer leur position GPS.
La géolocalisation des Smartphones est également utilisée pour vérifier le respect de la réglementation en matière de quarantaine. Les contrevenants peuvent se voir infliger des amendes allant jusqu’à 30.000 euros et des peines de prison allant jusqu’à six mois.
La production de masques buccaux a été multipliée par 40
Les Taïwanais sont habitués à porter des masques dans les lieux publics. Dès le 6 février, tout le monde pouvait acheter des masques chez le pharmacien pour quelques centimes. Taïwan a alors multiplié par 40 sa production de masques chirurgicaux en trois mois seulement.
Paradoxalement, cette politique proactive en matière d’épidémies a contribué à l’exclusion de Taïwan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Depuis 2016, les représentants de Taiwan ne sont plus autorisés à assister aux assemblées générales de l’Organisation mondiale de la santé. Cela est dû à la résistance de Pékin. Le modèle de gestion de l’épidémie a donc été largement ignoré par la communauté internationale. En outre, Taipei n’a pas accès à toutes les informations de l’OMS.
Taïwan affirme que dans le passé, elle avait déjà averti l’OMS ‘du risque de transmission interhumaine’ le 31 décembre 2019. Selon Taipei, l’Organisation des Nations unies n’en aurait pas tenu compte. D’après l’OMS, la mention ‘transmission interhumaine’ ne figurait pas dans l’avertissement, alors que les rumeurs laissent entendre que l’OMS subit depuis longtemps des pressions de la part de Pékin pour cacher la vérité dans cette affaire.
Taïwan
Taïwan – la 22e économie du monde, avec une population égale à celle de l’Australie – voudrait aider les autres dans le cadre de cette crise, mais les Nations unies ne sont pas intéressées. L’ONU continue d’appliquer sa résolution de 1971.
À première vue, la question de la représentation de la Chine à l’ONU a aussi été résolue. La Chine communiste s’est vu accorder un siège et un membre permanent au Conseil de sécurité. Selon la Chine, Taïwan est une province chinoise et non un État indépendant, ce qui signifie que seul Pékin a le droit de représenter la Chine dans les organisations internationales, notamment l’Organisation mondiale de la santé, qui n’accepte que des pays comme membres.