Dimanche, des milliers de manifestants se sont rassemblés dans les rues de Hong Kong pour s’opposer au report des élections qui devaient se tenir le 6 septembre. Près de 300 personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre.
La force et l’ampleur de la manifestation d’hier révélaient l’importance de la question pour des milliers de citoyens, opposés au report des élections décalées d’une année en raison de l’épidémie. Ils ont également à nouveau exprimé leur désaccord face à la loi sur la sécurité nationale votée en juin dernier.
La loi sur la sécurité nationale
Depuis sa rétrocession par les Britanniques en 1997, Hong Kong était régie par la règle d’ ‘un pays, deux systèmes’. La déclaration conjointe stipulait que Hong Kong devait bénéficier ‘d’un degré élevé d’autonomie, hormis en matière d’affaires étrangères et de défense’, et de son propre système judiciaire, législatif et exécutif. Les habitants de Hong Kong devaient en principe jouir de libertés qui n’existent pas sur le continent.
Le 30 juin dernier, la plus haute instance législative de Chine a approuvé la loi controversée sur la sécurité à Hong Kong, élargissant ainsi considérablement le pouvoir des dirigeants chinois sur la région semi-autonome.
Cette annonce avait alors ravivé les critiques de l’opposition jugeant que la loi interdirait un report des élections au-delà de 14 jours mais que le délai pourrait être beaucoup plus long compte tenu de la situation d’État d’urgence. Une crainte qui s’était confirmée quelques jours plus tard…
‘Une décision essentielle’
En juillet dernier, le chef de l’exécutif, Carrie Lam, avait annoncé le report des élections qui devaient se tenir le 6 septembre, déclarant que la décision était appuyée par Pékin et que son but était de ‘protéger la santé des citoyens’.
‘Nous souhaitons garantir l’équité, la sécurité et la santé publiques, et nous devons veiller à ce que l’élection se déroule de manière ouverte, équitable et impartiale. Cette décision est donc essentielle’, avait-elle ajouté.
L’annonce de ce report, que craignait depuis quelque temps l’opposition, était intervenue au lendemain de l’arrestation de plusieurs militants indépendantistes et, surtout, suite à l’annonce de l’invalidation de la candidature d’une douzaine de candidats pro-démocratie à ces élections.
‘Nous nous battons toujours’
Hier, les forces de l’ordre se sont déployées dans toute la ville. Elles ont arrêté 289 personnes et ont aussi procédé à de nombreuses fouilles et à de nombreux contrôles, conformément aux règles instaurées pour identifier toute personne qui tenterait d’œuvrer en faveur du mouvement pro-démocratique de Hong Kong.
Les manifestants ont contourné les barrages, ils ont sillonné des petites rues latérales pour marcher vers le nord de la ville en criant ‘libérez Hong Kong’, ce qui n’a pas empêché les forces de l’ordre de sévir.
Près des trois quarts des personnes interrogées lors d’un récent sondage réalisé par l’Institut de recherche sur l’opinion publique de Hong Kong ont déclaré qu’elles souhaitaient que le vote soit organisé le plus rapidement possible, malgré le coronavirus.
Un manifestant d’une vingtaine d’années a d’ailleurs déclaré hier, qu’il s’était joint à la manifestation malgré les lourdes peines infligées par la police. ‘Nous voulons montrer au monde que nous nous battons toujours et que nous avons toujours besoin de soutien’.