L’annonce de la nouvelle composition du Celeval, le Comité d’évaluation fédéral, a suscité de vives réactions de la part des milieux économiques, qui s’y estiment insuffisamment représentés.
‘La recomposition du Celeval est totalement inacceptable ! La disparition de Johnny Thijs et de Pierre Wunsch du GEES (Groupe d’experts en charge de l’exit strategy, NDLR) ignore complètement les préoccupations économiques. Dans un pays qui connaît une croissance de -11%, c’est hallucinant. UNIZO exige la correction immédiate du Celeval’, a réagi à chaud le directeur général de l’organisation patronale, Danny Van Assche, ce mercredi matin sur Twitter.
Par après, l’homme est revenu plus calmement, pour Business AM, sur ce panel au sein duquel seuls Vinciane Morel, de l’organisation sectorielle Belgian Events Federations, et Lieven Annemans, économiste de la Santé, ont un profil à coloration économique. ‘Vinciane fait un excellent travail, mais une voix économique doit pouvoir se mesurer à la multitude de virologues et d’experts médicaux’, estime Danny Van Assche. Selon lui, un équilibre entre les intérêts sanitaires et les autres intérêts doit pouvoir être trouvé, ‘mais une bonne représentation est alors cruciale. Avec deux profils économiques sur douze experts, nous n’arriverons à rien du tout.’
‘Johnny Thijs n’a pas refusé’
Administrateur délégué de la Fédération des entreprises de Belgique, Pieter Timmermans va dans le même sens que son homologue d’Unizo. ’Je suis d’accord avec lui à 100%. Un groupe plus équilibré, au sein duquel plus de scientifiques de différentes orientations sont présents, je n’ai rien contre. Mais débattre à propos de la crise économique la plus profonde depuis 100 ans sans qu’il n’y ait autour de la table une personne qui connaisse le monde des affaires, qui soit en contact avec les entreprises, je trouve cela hallucinant.’
Le représentant de la FEB estime toutefois que la situation pourrait rapidement évoluer et qu’il y a de bonnes chances pour que Johnny Thijs intègre finalement le Celeval, en tant que représentant du monde des entreprises. ‘Johnny Thijs n’a pas refusé’, nous a fait savoir Pieter Timmermans, contrairement à ce qui avait pu être écrit plus tôt dans la journée. ‘Et je ne comprendrais pas qu’une personnalité comme la sienne ne soit pas reprise dans ce nouveau groupe. Il demande simplement – et cela me paraît tout à fait compréhensible – quel sera le but final de ce groupe, ce qu’il devra y faire, quelle sera sa mission, etc.’
‘Le moment est venu de mettre de l’ordre dans tous ces groupes’
Pourtant, dès le mois de mars, l’Economic Risk Management Group (ERMG) a été mis sur pied avec pour mission d’analyser et de lutter contre les conséquences économiques de la crise du coronavirus. Mais l’organe a toutefois connu quelques ratés, à tel point que son utilité et son avenir sont aujourd’hui remis en question.
‘Le groupe est moins actif’, confirme Pieter Timmermans, qui se refuse néanmoins à se prononcer sur son utilité. ‘Je pense que le moment est venu de mettre de l’ordre dans tous ces groupes qui ont été créés. Avant de dire si tel ou tel organe est utile ou non, une bonne réflexion s’impose. Il y a une dizaine, une quinzaine, une vingtaine de groupes qui fonctionnent, qui travaillent, qui produisent des avis. Et selon moi, il n’est pas clair qui fait quoi, comment et à quel moment.’
L’administrateur délégué de la FEB prône donc pour une rationalisation de ces groupes de travail dans leur nombre, comme dans le nombre de leurs participants. ‘On a bien maitrisé la première vague, je trouve, malgré l’urgence, malgré le fait qu’il n’existait pas de précédent. Mais après 6 mois, le moment est venu. Un point que l’on ne peut jamais oublier, c’est que le fonctionnement doit rester pratique, pragmatique et efficace.’
‘Nous passons à une nouvelle phase de la crise’
‘Nous passons dans une nouvelle phase (de la crise économique)’, pointe encore Pieter Timmermans. ‘Je pense que la stratégie économique a été bien menée jusqu’à présent. Je ne peux pas dire que c’était parfait, mais ce n’est jamais le cas face à une crise d’une telle ampleur. Mais d’une crise des liquidités, nous allons passer à un choc de solvabilité, qui va engager la survie de certaines entreprises. Cela demande une autre approche, d’autres types de mesures et il est temps de s’adapter à cette nouvelle réalité qui arrive.’
Et le représentant de la FEB de conclure: ‘Nous avons également besoin d’un gouvernement fort, avec des personnalités fortes, parce que la crise sera encore très, très dure pour le monde économique et les entreprises, donc pour l’emploi et en fin de compte pour le pouvoir d’achat des Belges.’
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