Le plus gros fonds souverain du monde appartient à la Norvège et il n’a pas été épargné par la crise. Au cours des 6 premiers mois de l’année, il a perdu 188 milliards de couronnes (18 milliards d’euros). La reprise de l’économie mondiale en juin a permis d’éviter de plus lourdes pertes et fait espérer à un avenir plus radieux au fonds, déjà pris dans une tourmente politique.
Les pertes du premier semestre ont été annoncées par la Banque de Norvège. Cette impressionnante chute d’un des deux fonds souverains de Norvège s’explique par un recul des actions. Ces dernières composent 69,9% des placements du fonds et elles ont baissé de 6,8%. L’immobilier représentant près de 3% du portefeuille a également baissé de 1,6%.
Seuls les placements en obligations, soit les titres à revenus fixes qui complètent le tableau financier, ont engrangé un gain de 5,1%. ‘L’année avait commencé avec optimisme, mais les perspectives des marchés boursiers se sont rapidement retournées lorsque le coronavirus a commencé à se propager dans le monde’, a noté le numéro deux du fonds, Trond Grande, dans un communiqué.
Une explication au choc vécu cette année est que le fonds est en grande partie financé par le pétrole norvégien. En outre, il possède des actions dans le secteur énergétique. Depuis 2017, la société tente de s’en défaire, mais n’a pas eu l’autorisation du gouvernement de tout revendre. Le secteur du transport étant particulièrement touché par la crise, le fonds norvégien en fait naturellement les frais.
Et pour ne rien aider, le fonds a été contraint de vendre des investissements pour 16 milliards d’euros (167 milliards de couronnes) afin de fournir des liquidités pour la relance économique prévue par le gouvernement.
Un deuxième trimestre rassurant
‘Cependant, la forte baisse boursière du premier trimestre a été limitée par une réponse massive des politiques monétaire et financière’. En effet, les résultats du deuxième trimestre laissent entrevoir un meilleur avenir grâce à un bond de 18% de son portefeuille d’action. Les décisions des gouvernements et des banques centrales ont relancé les marchés boursiers. Alors que le fonds avait chuté à 9.998 milliards de couronnes (952 milliards d’euros) en mars, il pesait 10.400 milliards de couronnes (989 milliards d’euros), au 30 juin dernier. Ses parts dans de grandes entreprises américaines qui ont profité de la crise (Microsoft, Apple, Amazon et Alphabet) ont aidé à la reprise.
‘Même si les marchés ont bien rebondi au deuxième trimestre, nous décelons encore beaucoup d’incertitudes’, souligne Grande. La pandémie de Covid-19 n’est pas encore terminée. Certains pays, comme les États-Unis et le Brésil se battent encore pour mettre fin à la première vague de contamination.
Lynchage politique
Le fonds norvégien est toujours enlisé dans une polémique sur sa direction. Nicolai Tangen, un milliardaire qui a fondé le fonds spéculatif AKO Capital à Londres, doit prendre les rênes de l’énorme bas de laine norvégien le 1er septembre, en remplacement d’Yngve Slyngstad. ‘J’espère que la réputation qui nous avons bâtie pendant plus de 20 ans qui peut également résister à certaines turbulences’, a déclaré Trond Grande.
Tangen a été choisi très rapidement, ce qui a été fortement critiqué par les politiques en place. Le futur CEO est suspecté de possibles conflits d’intérêt et de recours à des paradis fiscaux, tandis que la Banque de Norvège, qui chapeaute le fonds, est épinglée pour des irrégularités et entorses à la loi dans le processus de recrutement. L’arrivée de Tangen dans deux semaines est fortement remise en cause.