La NASA, en collaboration avec la société américaine SpaceX d’Elon Musk, va envoyer deux astronautes dans l’espace, ce mercredi soir. Douglas Hurley et Robert Behnken doivent effectuer ce qui sera le premier lancement spatial 100% américain depuis des années. À 22h33, heure belge, Crew Dragon s’élancera vers les étoiles depuis l’emblématique Cap Canaveral.
Mise à jour: le lancement a été postposé en raison de conditions météorologiques défavorables. La prochaine fenêtre de lancement se tiendra le samedi 30 mai, à 15h22 heure locale.
Robert Behnken et le capitaine Douglas Hurley ont déjà une certaine expérience des voyages dans l’espace. Si tout se déroule comme prévu, les deux Américains s’installeront ensuite à bord de l’ISS, après un trajet de 24 heures, où trois autres astronautes les y attendent.
Des points pour SpaceX
Le lancement, commandé par la NASA, est important à deux égards. D’une part pour SpaceX, qui doit prouver qu’il peut envoyer des astronautes vers l’ISS en toute sécurité, avec à la clé un énorme contrat.
Une telle réussite est essentielle pour le plan d’affaires de SpaceX. Avec la NASA sur son CV, Elon Musk obtiendrait ainsi un feu vert universel pour envoyer à la fois des cargaisons et des personnes dans l’espace. Ce second point, en particulier, est important aux yeux de Musk qui nourrit des rêves de colonisation de la planète Mars.
Mais d’abord, Crew Dragon, la capsule dans laquelle seront transportés les astronautes Douglas Hurley et Robert Behnken, doit atteindre l’ISS en toute sécurité. Il sera par ailleurs placé en orbite par une fusée Falcon-9.
Opération ‘Launch America’
D’autre part, la mission ‘Demo-2’ est également très importante pour les États-Unis. C’est la première fois en 9 ans qu’une mission spatiale habitée est lancée depuis le sol américain, en l’occurrence depuis le Centre spatial Kennedy utilisé notamment pour le programme Apollo.
Au cours des 9 dernières années, les astronautes de la NASA s’élançaient depuis la base spatiale kazakhe de Baïkonour. Des fusées Soyouz y sont régulièrement lancées pour alimenter l’ISS. Chaque voyage coûte aux Américains 80 millions de dollars. Une fraction seulement des tarifs de la NASA.
C’est efficace, mais pour la réputation de la NASA et des États-Unis, ce n’est pas un cosmodrome russe qui fera l’affaire à long terme. Car une chose est claire: une autre course à l’espace est en cours. Et l’Amérique n’est pas en tête.
La concurrence de la Chine et de l’Inde
Par exemple, la Chine a réussi à poser sur la Lune un plant de coton… Qui y est immédiatement mort à cause des températures. C’est cependant une étape importante: pour la première fois, une nation a placé à dessein un organisme vivant sur notre satellite naturel. C’est presque comparable au premier pas de l’homme.
En Inde aussi, on lorgne l’espace. En 2019, l’ISRO, l’agence spatiale indienne, a envoyé Chandrayaan-2 vers la Lune. L’intention était de poser un atterrisseur lunaire à son pôle Sud, un rover qui aurait pu effectuer des recherches. Cependant, les choses ont mal tourné lors de l’alunissage en novembre 2019, l’ISRO a fini par reconnaitre que la mission était considérée comme perdue.
Et comme si cela ne suffisait pas, les Britanniques voient aussi un certain potentiel dans l’espace. En 2021, la société britannique Astrobotic, avec sa mission Peregrine, compte envoyer un rover baptisé Spacebit sur la surface de la Lune.
Course à la Lune
Ne fut-ce que pour la réputation du programme spatial américain, il est donc crucial que les missions de la NASA démarrent sur de bonnes bases. Car outre Demo-2, il y a bien sûr cet autre projet, plus important encore, que la NASA poursuit. D’ici 2024, le projet Artemis en censé envoyer à nouveau un homme, et cette fois une femme, sur la surface lunaire. Il s’agit d’un projet de prestige dont le coût est estimé à 35 milliards de dollars.
Le vice-président Mike Pence a annoncé le projet en 2017. Demo-2 joue un premier rôle important dans la concrétisation du projet Artemis. SpaceX n’est en fait qu’un des candidats possibles pour accomplir cette tâche, et compte Blue Origin et Dynetics comme rivaux. SpaceX est, comme le montre Demo-2, le plus avancé dans le développement de capsules habitées. Mais comme tout le monde le sait, Elon Musk rêve surtout de se rendre sur Mars. Et la NASA peut l’y aider.
Et puis, Mars
Bien que toutes les fusées soient désormais orientées vers la Lune, le plan à long terme est de parvenir à mettre sur pied un voyage de 300 jours au départ de la Terre. Et Mars, c’est également là que le président américain Donald Trump veut aller. Que les USA soient la première nation à mettre le pied sur la planète rouge le mettrait en valeur.
Ce mercredi, Demo-2 ne se limite donc pas au simple transfert en toute sécurité de deux astronautes. C’est un petit pas pour la NASA, un bond psychologique de géant pour SpaceX et les États-Unis.