Dans son allocution longue de 25 minutes, faite de nombreuses emphases, un point a particulièrement retenu l’attention. Le président français a appelé à ‘aider l’Afrique en annulant massivement sa dette’.
Emmanuel Macron prolongera le confinement des Français jusqu’au 11 mai. Il établira ensuite un déconfinement progressif dont les contours doivent encore être dessinés. Mais les Français ont désormais une ligne d’horizon.
Le président français a également rejoint l’appel du pape et de l’ONU de ces derniers jours: annuler massivement la dette africaine pour aider le continent à faire face au coronavirus. Il répond ainsi aux interpellations de plusieurs dirigeants africains, dont le Sénégalais Macky Sall.
Emmanuel Macron ne veut pas agir en cavalier seul et fait un appel du pied à ses collègues européens. Mais pas seulement: sur une dette publique évaluée à 365 milliards de dollars, 145 milliards sont dus à la Chine. Une dette qui a doublé en dix ans.
La position officielle de la Chine n’est d’ailleurs pas encore connue dans ce dossier. Mais la question sera certainement débattue cette semaine en marge du G20.
La Chine est désormais le premier partenaire commercial de l’Afrique. C’est le fruit d’un plan colossal lancé par Xi Jinping en 2013 et baptisé ‘les Nouvelles routes de la soie’. En 2018, la diplomatie chinoise se disait prête à faire un geste pour ses débiteurs en difficulté, sans parler d’annulation pure et simple toutefois.
En devant rembourser ses créanciers, de nombreux États africains manquent de moyens pour préparer leur propre développement.
Gel ou annulation ?
Mais de quoi parle-t-on concrètement ? Mi-mars, le FMI et la Banque mondiale visaient plutôt un gel des remboursements de la dette. Une dette qui est évaluée au taux moyen de 60% du PIB. Va-t-on vers un moratoire, un rééchelonnement, un allègement ou une annulation ?
Les mots d’Emmanuel Macron n’ont pas été choisis par hasard. Il parle bien ‘d’annulation massive’. Pourtant encore récemment, des émissaires de l’Union africaine ne demandaient qu’un gel de deux ans du paiement des dettes, en ce compris les intérêts.
Cette éventuelle annulation interviendrait dans un plan plus global évalué à 2.500 milliards par la CNUCED, dont 1.000 milliards de dollars en liquidité. L’organisation qui dépend de l’ONU a un point de référence en tête: ‘L’allègement de la dette allemande administré après la Seconde Guerre mondiale, qui a annulé la moitié de sa dette en cours.’
Reste que cette dette publique, qui est aussi débattue en Europe, n’est que la pointe de l’iceberg. La dette privée représente dorénavant le principal du fardeau africain. Éparpillée, elle est beaucoup plus difficile à évaluer et donc à annuler.
La semaine dernière, le nombre officiel de cas sur le continent africain était évalué à 7.000 pour 294 décès. 45 pays africains sont touchés sur un total de 54.