A Venise, le marché auxpoissons du Rialto, sur les rives du Grand Canal, existe depuis milleans. Cependant, on compte de moins en moins de Vénitiens parmi sesd’échoppes vendant des calmars, des moules et autres prises fraîchesdu jour. Cet endroit typique de la ville est ainsi en passe dedevenir un simple musée, écrit Giovanni Legorano, correspondantitalien du quotidien économique américain The Wall Street Journal.
Selon Legorano, la luttepour la survie du marché est révélatrice du combat que livreVenise afin de survivre en tant que ville normale. Le coût élevédu logement et la pénurie d’emplois non liés au secteur tourismepoussent régulièrement les Vénitiens à quitter leur ville. Lapopulation résidente de Venise est actuellement de 53.000 habitants,contre 175.000 dans les années 50. 82.000 touristes visitent enmoyenne la belle Italienne par jour.
Dernière génération ?
« Il existe dictiondans la vile », explique Andrea Vio, résident natif qui ventdu poisson sur le marché de Rialto. « Nous sommes arrivés àla dernière génération d’enfants nés à Venise. C’esteffrayant. »
Autrefois républiquemaritime dont l’empire s’étendait des Alpes à Chypre, Venise aprospéré jusqu’au 20ème siècle en tant que port de commerce dotéd’une vie civique et culturelle dont l’influence allait bien au-delàdu tourisme. Toutefois, au cours des dernières décennies, l’imagede la ville a complètement changé.
Au cours des dernièresdécennies, les forfaits vacances, les voyages à moindre coût, lamobilité croissante en provenance de Chine et de Russie et lesactivités d’Airnnb ont augmenté. L’explosion du tourisme de masse,l’augmentation du coût de la vie et la complexité de la maintenancedu chef-d’œuvre architectural ont fait que les résidents ont deplus en plus de difficultés pour vivre dans leur ville.
La demande de maisons devacances a entraîné une hausse des prix et des loyers. Les secteursd’activité autres que le tourisme se sont largement déplacés versle continent. Les villes voisines telles que Mestre ou Tréviseoffrent plus de logements dotés d’équipements modernes.
Sensibilisation
Les problèmes du marchéreflètent ceux de la ville, expliquent les commerçants. De nosjours, le marché du Rialto ne compte plus que six étals, contre 18il y a 15 ans. Le poissonnier Andrea Vio ne vend plus que cinqpetites caisses de sardines par jour, dans les années 80, il envendait jusqu’à 40. Aujourd’hui, 80% des visiteurs sont destouristes qui viennent principalement pour prendre des photos et quipartent souvent sans rien acheter.
Une association derésidents a organisé une campagne pour sensibiliser le public à lamenace qui pèse sur le marché.Ces membres collectent des signaturesafin de demander aux autorités locales de créer un musée dédié au marchéqui, selon eux, devraient attirer les visiteurs nécessaires afin degarantir des revenus supplémentaires.
Cependant, selon certains,la perte de clients est partiellement la faute des Vénitiens quipréfèrent louer leur propriétés à des touristes plutôt qu’àdes résidents locaux afin de gagner plus d’argent.
« Une famille devacanciers ira dans une pizzeria, mais ne viendra certainement pasici pour acheter le poisson. Venise se vend tous azimuts »,ajoute encore un travailleur du marché du Rialto.