Vous connaissiez sans doute le gaz de schiste. Il existe aussi le pétrole de schiste. Mais qu’est-ce que le pétrole de schiste et à quoi sert-il?
Bien qu’il serait plus correct de parler de pétrole ou de gaz de « roche-mère », le nom qui fait usage est bien le pétrole ou le gaz de schiste. Le pétrole de schiste est un pétrole léger contenu dans les formations géologiques poreuses de faible perméabilité.
Le pétrole de schiste s’obtient selon les mêmes procédés que pour le gaz de schiste, par fracturation hydraulique. La technologie de forage de puits horizontaux est souvent la même aussi. Même si le pétrole de schiste, léger, ne doit pas être confondu avec le pétrole synthétique issu du schiste bitumineux, aussi appelé huile de schiste.
Un potentiel énorme…
L’exploitation du pétrole de schiste a explosé ces dernières années. Particulièrement aux États-Unis en raison de l’abondance des roches poreuses dans le sous-sol. Son exploitation avait été ralentie à cause d’une offre trop importante de pétrole. La surproduction mondiale a fait chuter les prix en 2015 et 2016 pour finalement remonter en 2017 et 2018. Les États-Unis veulent en profiter pour relancer plusieurs exploitations. Si bien que le pays de l’Oncle Sam pourrait bien dépasser la production de l’Arabie Saoudite en 2018, si on en croit les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il s’agit pourtant de leader historique en termes de production.
Le potentiel reste énorme. Selon les estimations (2013), les États-Unis pourraient extraire 58 milliards de barils. La Russie regorge aussi de ressources avec un potentiel de 75 milliards de barils. Suivent la Chine (32), l’Argentine (27), la Libye (26), le Mexique (13), le Pakistan (9), le Canada (9) et l’Indonésie (8). En tout, on estime le potentiel mondial à 345 milliards de barils. Les enjeux sont donc considérables.
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… mais aussi d’énormes risques
En ce qui concerne les enjeux environnementaux. Comme tous les combustibles fossiles, le pétrole de schiste crée des émissions de gaz à effet de serre, en particulier du dioxyde de carbone. Aussi bien au stade de sa production qu’à celui du transport, du raffinage ou de sa consommation. Les forages menacent aussi les nappes phréatiques indirectement. Si les forages se font à des profondeurs bien inférieures (3 à 5.000 mètres), les eaux usées, contaminées par des produits chimiques, posent un problème écologique en plus d’une surconsommation dans des zones souvent arides. Si bien que la quantité d’eau dans les nappes phréatiques a tendance à baisser. Il est d’ailleurs bien possible que l’on ne dispose pas assez d’eau pour exploiter la totalité du pétrole de schiste disponible.
Certains résidents voisins des exploitations se plaignent aussi de maux de tête, de nausées et de saignements du nez. En cause, la pollution atmosphérique qu’engendre l’extraction de pétrole de schiste. On estime par exemple que 30% du gaz naturel extrait des puits de pétrole est brûlé en raison du manque de gazoduc pour l’acheminer sur les marchés. La forte concentration en sulfure pose aussi problème aux employés.
L’exploitation des hydrocarbures non conventionnels influence également l’activité sismique. En fragilisant les roches situées dans le sous-sol, l’extraction de pétrole de schiste modifie l’équilibre tectonique, en tout cas au niveau local. Certains scientifiques estiment que cela a contribué à provoquer plusieurs séismes ou glissements de terrains, notamment aux États unis.
Reste que le pétrole de schiste fait tourner les têtes. D’abord parce que les réserves en hydrocarbure traditionnel ont tendance à diminuer. De plus, l’exploitation de pétrole de schiste est peu coûteuse et les installations peuvent être très vite mises en place. Rien qu’aux États-Unis, une dizaine de nouvelles installations sont construites chaque semaine. Le pétrole a encore de beaux jours devant lui.