L’amitié russe avec le Venezuela coûte beaucoup d’argent à Moscou. Mais l’effondrement de l’économie vénézuélienne est bénéfique pour les sociétés pétrolières russes.
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a débuté la semaine dernière un second mandat très discuté. A part Cuba, le Nicaragua et la Bolivie, la cérémonie d’investiture a été pratiquement boycottée par les autres dirigeants du monde. Mais Maduro a toujours un puissant ami dans les coulisses : la Russie de Vladimir Poutine. Car avec ce dernier, le régime partage les intérêts pétroliers de Caracas. Moscou sponsorisait également le pays avant l’ère Maduro, lorsque c’était son prédécesseur, Hugo Chavez, qui en tenait les commandes.
Lorsque Maduro s’est rendu à Moscou en décembre, dans sa recherche ininterrompue d’argent, les Russes lui ont même suggéré un scénario pour trouver un moyen de sortir de la crise économique qui perdure dans son pays et qui, selon l’opposition, aurait déjà poussé 9 millions de Vénézuéliens à quitter le territoire.
Un revenu de base pour les familles vénézuéliennes
L’une des suggestions faites par les Russes concernait l’instauration d’un revenu de base pour les familles vénézuéliennes. C’est, selon Moscou, le moyen le plus rapide de lutter contre la pauvreté. Dans le pays qui possède les plus grandes réserves de pétrole prouvées, l’essence a longtemps été gratuite, mais une augmentation de 6 000 % a été appliquée en 2016. Selon les Russes, un tel revenu de base pourrait être financé par le trésor public grâce aux achats d’essence et d’autres articles produits par le gouvernement.
Moscou a également conseillé à Maduro de cesser de couvrir le déficit budgétaire en imprimant de la monnaie. Le bolivar vénézuélien a perdu 95% de sa valeur par rapport au dollar américain au cours des derniers mois. Les banques refusent déjà deux billets ayant la plus faible valeur nominale, même s’ils n’ont été introduits que récemment.
Il y a aussi le petro
Les Russes se sont félicités de la tentative de Caracas de lutter contre l’hyperinflation en introduisant une monnaie virtuelle, le « Petro » , dont la valeur est soutenue par les ressources naturelles du pays, le pétrole et le gaz, ainsi que par l’or et les diamants. Pourtant, la Russie n’est pas prête à accepter cette monnaie dans les échanges commerciaux entre les deux pays.
Il reste à savoir si Maduro tiendra compte des recommandations russes. Quand Maduro a quitté Moscou début décembre, il avait déjà gagné sa bataille. On lui a assuré que la Russie investirait 5 milliards de dollars dans les installations pétrolières vénézuéliennes et qu’elle recevrait en plus 600 000 tonnes de céréales. Selon Reuters, Caracas aurait reçu 17 milliards de dollars de prêts de la Russie depuis 2006. Ces sommes sont remboursées par des livraisons de pétrole par l’intermédiaire de la société pétrolière nationale vénézuélienne PDVSA. Même si cela se produit à un rythme très lent.
Conclusion
L’amitié de la Russie avec le Venezuela coûte beaucoup d’argent à Moscou. Mais l’effondrement de l’économie vénézuélienne est bénéfique pour les compagnies pétrolières russes et explique en partie la hausse des prix du pétrole avant octobre 2018. Si Maduro mettait en œuvre les recommandations des Russes, non seulement les Vénézuéliens en bénéficieraient, mais aussi les pays voisins qui croulent sous l’afflux de réfugiés.
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Bonus
- La crise au Venezuela est devenu si grave que le nombre de braquages ??et d’enlèvements est presque tombé à zéro. Braquer une banque est devenu totalement inutile, car le voleur aurait besoin d’un camion pour transporter son butin et l’argent serait réduit de moitié une semaine plus tard à cause de l’inflation galopante (maintenant estimée à 2 000 000 %).
- Selon l’ Observatorio Venezolano de Violencia (OVV), la criminalité est passée dans la chaîne alimentaire et ce sont principalement les agriculteurs, les agriculteurs et les producteurs de denrées alimentaires ainsi que les transporteurs de denrées alimentaires qui sont devenus la cible de vols qualifiés.
- En l’absence de nourriture, les citoyens du pays ont perdu 11,4 kg en moyenne l’année dernière.
- Le Venezuela reste le pays le plus dangereux au monde avec 81 meurtres pour 100 000 habitants. L’année dernière, 23 400 personnes ont été tuées. Cela correspond à 64 par jour.