Le Venezuela connait une crise migratoire et économique profonde. La situation s’aggrave de jour en jour et la communauté internationale ne semble pas vouloir le voir. Selon la Brookings Institution, 4 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays depuis 1999. Cela correspond à 1 Vénézuélien sur 8.
Le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde, était autrefois le pays le plus riche d’Amérique du Sud. À la fin des années 90, lorsque le socialiste Hugo Chavez a été élu pour la première fois, 48 % des Vénézuéliens vivaient dans la pauvreté. Sous Nicolas Maduro, le successeur de Chavez, ce chiffre est passé à 82 %.
L’économie du pays s’est complètement effondrée en raison d’une mauvaise gestion et de la chute du prix du pétrole. Le Venezuela a généré 1.000 milliards de dollars de recettes grâce à la vente du pétrole, mais environ un quart de celles-ci a été dérobé par des initiés. Faute de médicaments, le taux de mortalité au sein de la population a augmenté, et le taux de mortalité infantile aussi.
Violence et faim
La répression croissante a provoqué la peur chez la population, et elle ne sort plus dans la rue. Mais aussi, les gens se préoccupent bien trop de chercher de la nourriture pour survivre, ce qui laisse peu de place à l’engagement politique. Au Venezuela, 75 % de la population a perdu en moyenne 8,5 kilos l’année dernière en raison de problèmes alimentaires, qui sont le résultat de la crise économique.
Pendant ce temps, la violence et la polarisation font rage dans le pays. Maduro a mis en place toute une série de règles qui ont au final une seule conséquence: le coût de sa place au pouvoir n’a visiblement aucun prix.
C’est un véritable exode qui est en train de se produire en Amérique du Sud. De récentes études montrent qu’il s’agit majoritairement de jeunes Vénézuéliens qui quittent leur pays. « Une fuite des cerveaux » menace et le pays, en pleine ère post-socialiste peine à freiner le phénomène.
Dire que le Vénézuela est touché par une catastrophe humanitaire est un euphémisme. La faim et la violence sont la norme plutôt que l’exception qui confirme la règle. Selon le FMI, l’hyperinflation atteindra 13.000 % cette année et à la fin de l’année 2018, l’économie vénézuélienne vaudra la moitié que ce qu’elle valait en 2013.
Une crise des réfugiés comparable à celle de la Syrie
Comparer la crise de réfugiés vénézuéliens à celle de la Syrie est maintenant plus que d’actualité. Cette crise pourrait même devenir pire. Mais l’exode de la population vénézuélienne explose et devient impressionnante. 250.000 Vénézuéliens vivent aujourd’hui dans le sud de la Floride. Depuis 2014, 12.000 Vénézuéliens ont fui vers le Brésil. Et au cours des 12 derniers mois, 350.000 autres ont quitté leur pays pour la Colombie, où vivent déjà aujourd’hui entre 750.000 et 2 millions de Vénézuéliens.
Selon Human Rights Watch, le nombre de demandes de permis de séjour déposées par des Vénézuéliens en Argentine a doublé depuis 2014 et le Chili leur a délivré pas moins de quatre fois plus de visas. Depuis 2017, les Vénézuéliens sont aussi ceux à avoir demandé le plus de permis de séjour en Uruguay et au Pérou ( 10.000 en 2017). Depuis le début de cette année, le Venezuela est aussi devenu le pays d’origine d’où provient le plus grand nombre de demandeurs d’asile politique aux États-Unis.
La Colombie ne peut pas gérer le flux de réfugiés. Le président Santos – qui avait qualifié son homologue voisin de dictateur en août dernier – a renforcé ses frontières avec des milliers de militaires.
Le ministre brésilien de la Défense, Raul Jungmann, a lui qualifié cette exode vénézuélien comme un drame humanitaire: « Les Vénézuéliens sont chassés de leur pays par la faim, le manque d’emplois et de médicaments. »
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Où est la communauté internationale?
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui craignent que l’immigration vénézuélienne ne dépasse bientôt la migration cubaine ou haïtienne vers les États-Unis. Mais la communauté internationale ne semble pas réagir, voire semble paralysée. La Chine et la Russie ont déjà clairement fait savoir qu’ils mettraient leur véto à tout effort des Nations Unies d’intervenir au Venezuela. Les efforts déployés par l’Organisation des États américains (OEA) ont toujours été bloqué par les camarades socialistes de la région: Cuba, Nicaragua, Equateur et Bolivie, qui ont tous bénéficié de la générosité pétrolière vénézuélienne. Du coup, ils préfèrent regarder les violations des droits de l’Homme de Maduro plutôt que faire quelque chose.
Mais les États-Unis non plus ne se montrent pas très concernés. Ils n’ont pas jugé nécessaire de participer aux deux dernières réunions de l’OEA et d’exercer des pressions.
L’Union européenne parle, mais comme à son habitude, lorsqu’il faut agir, tout le monde se tait.
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D’abord, Israël
Même s’il devrait y avoir un changement de régime bientôt, les défis pour le pays restent colossaux. Mais tout ça semble encore si loin… Les études sur le problème global des réfugiés ne parlent même pas de la situation catastrophique au Venezuela. Le 11 février, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a annoncé que le travail reprendrait dans deux semaines. Jusque là, d’autres rapports sont attendus, deux sur l’Iran, un sur la Syrie et sept rapports sur… Israël. Mais rien n’indique que l’organisation compte se pencher sur la situation au Venezuela.