Les pays des Balkans candidats à l’adhésion à l’UE en ont assez d’attendre

Divers pays des Balkans occidentaux attendent depuis plus d’une dizaine d’années leur entrée dans l’Union européenne. Mais les procédures semblent s’être enlisées. Toutefois, les pays en question, bloqués à des stades différents, commencent à s’impatienter, et envisagent déjà d’autres partenariats.

Cela fait en effet 14 ans que la Macédoine du Nord a postulé pour l’adhésion à l’UE ; Le Monténégro lui a fait suite, 3 ans plus tard, et plus récemment, en 2009, la Serbie leur a emboîté le pas. 5 autres pays, pour la plupart situés dans les Balkans (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo…), figurent également sur la liste d’attente de l’entrée dans le bloc. Le dernier pays à l’avoir rejoint est la Croatie, en 2013.

La Serbie et le Montenegro sur les rangs

Pour pouvoir être admis, ces pays doivent notamment adapter leur législation à la réglementation européenne, avant de recevoir l’aval des autres États membres de l’Union européenne, de la Commission européenne, du Conseil de l’Europe et du Parlement européen. Ces pays devront aussi résoudre les problèmes de tensions ethniques auxquels ils sont susceptibles d’être confrontés.

L’Union européenne a prévu d’adopter au moins deux pays des Balkans d’ici le milieu de la prochaine décennie, comme elle l’indique dans son rapport de stratégie pour 2018. Les deux candidats probables seraient la Serbie et le Monténégro. Ce n’est pas qu’un voeu pieux : l’intégration de ces pays comporte de véritables avantages pour le bloc. Elle permet d’exporter la stabilité, la démocratie et le développement économique vers les pays voisins, comme de développer son pouvoir à l’international.

Mais surtout, il s’agit d’une opportunité unique pour prendre le contrôle d’une zone d’une grande importance stratégique, et de garder à distance d’autres superpuissances à distance.

Des pays qui perdent patience

Mais les pays des Balkans perdent patience, et les sondages révèlent que près de 26 % des habitants de la région ne croient pas que leur pays rejoindra l’Union européenne. En Serbie, des politiciens militent même pour le retrait de la demande d’adhésion.

De son côté, le Kosovo veut impliquer les États-Unis pour renouer le dialogue avec la Serbie et trouver un accord. Le président kosovar HashimThaci affirme que l’Union européenne n’a pas cette capacité, car elle n’est pas assez unie sur cette question.

Toutes ces frustrations se trouveront renforcées si l’UE ne lance pas la procédure d’adhésion pour la Macédoine du Nord et l’Albanie en juin. Cette démarche a déjà été reportée en juin dernier, parce qu’un certain nombre d’États membres, dont la France et les pays-Bas, estimaient que les candidats ne pourraient fournir aucune garantie suffisante en ce qui concernait l’état de droit, et qu’ils ne luttaient pas assez activement contre le crime organisé.

La Chine, la Russie et la Turquie sont intéressées

Entre temps, cependant, la Chine, la Russie, la Turquie ont manifesté leur intérêt pour la région. D’autres pays, tels qu’Israël et les Émirats arabes unis, y voient des opportunités d’investissements, en particulier dans les infrastructures et l’immobilier.

Ces initiatives font redouter que ces pays ne tentent d’affaiblir l’influence européenne dans la région voire, à exacerber les tensions ethniques, en ce qui concerne la Russie. Ce sont possiblement ces craintes qui ont poussé la France et l’Allemagne à appeler à un sommet sur les Balkans qui s’est tenu à Berlin à la fin du mois d’avril. Mais apparemment, il n’en est rien sorti de concret, comme l’a déploré Hashim Thaci à la sortie de ce sommet.

Il faut reconnaître que l’Union européenne est confrontée à un grand nombre d’obstacles dans les Balkans occidentaux. Près de 30 ans après la désintégration de l’ex-Yougoslavie en 1992, ces pays sont toujours divisés par huit conflits territoriaux non résolus. En outre, la corruption, les scandales d’Etat et les régimes autoritaires gangrènent l’Albanie, la Serbie et le Monténégro.

Pourtant, l’adhésion à l’Union européenne apparait comme la solution la plus valable sur le plan  stratégique pour les Balkans occidentaux, selon Vuk Vuksanovic, chercheur à la London School of Economics. En effet, l’Union européenne est de loin le plus grand partenaire commercial de la région.

Les dirigeants européens concèdent quele processus d’adhésion est lent, mais souligne que les retours à en attendre, la prospérité et la paix, justifient largement les efforts qu’il réclame.

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