Depuis que Theresa May a démissionné de son poste de Premier ministre britannique en mai dernier, les investisseurs ont déjà vendu pour 4,2 milliards de dollars d’actions britanniques. Les investisseurs redoutent en effet que son successeur, Boris Johnson, ne mène le pays à un « no-deal Brexit », c’est à dire à quitter l’Union européenne sans accord. En conséquence, ils intensifient leurs efforts pour réduire leur exposition à la Grande-Bretagne.
C’est ce qui ressort d’un rapport de l’analyste Emerging Portfolio Fund Research (EPFR). Ce dernier indique également que depuis le référendum sur le Brexit, en 2016, les investisseurs ont retiré un total de 29,7 milliards de dollars d’actions britanniques de leurs portefeuilles.
L’exposition des portefeuilles à la Grande-Bretagne est réduite
Luke Ellis, qui dirige la société de gestion de fonds alternatifs Man Group spécialisée sur le marché britannique, de nombreux investisseurs rejettent maintenant les actifs britanniques pour éviter les inquiétudes et les risques qui y sont associés. Neil Dwane, stratège chez Allianz Global Investors, renchérit en affirmant que le marché boursier britannique n’avait pas la cote, et que les déclarations positives de Boris Johnson ne parviendront pas à changer leur état d’esprit. « Johnson doit d’abord résoudre le problème du brexit. Ce sera toujours un obstacle, tant qu’il ne le fera pas ».
Selon un rapport de Copley Fund Research, les gérants de 250 portefeuilles totalisant 450 milliards de dollars d’actifs cumulés ont réduit leur exposition aux actifs britanniques. Désormais, ceux-ci ne représentent plus que 7,9 % du portefeuille en moyenne, contre 11,5 % en 2016, peu après le référendum qui avait vu les Britanniques opter pour le Brexit. Au total, les gérants ont allégé leurs portefeuilles en gestion de 2 milliards de dollars d’actifs britanniques. D’après Steven Holden, directeur général de Copley Fund Research, ils leur ont substitué des titres d’Europe continentale.
Un changement politique qui augmente la probabilité d’un no-deal brexit… comme celle d’un accord
En outre, les investisseurs prennent de plus en plus en compte le scénario d’un no-deal Brexit pour leurs modélisations. Ils observent qu’il y a eu un changement politique. Les politiciens avaient tenté jusqu’ici d’obtenir un compromis improbable avec l’Union européenne, mais désormais, ils ont une approche totalement nouvelle, plus radicale. Celle-ci augmente la probabilité que l’on assiste effectivement à un no-deal Brexit, mais elle renforce aussi les chances que l’on parvienne à trouver un accord.
L’immobilier n’est pas épargné par cette tendance, et là aussi, les craintes d’un no-deal brexit dissuadent les investisseurs de s’intéresser au marché britannique, en particulier celui de l’immobilier commercial. Sur les 12 derniers mois, ils ont désinvesti 1,9 milliards de livres (environ 2 milliards d’euros) qui avaient été placés dans des fonds immobiliers britanniques.
Les retraits sont si importants, que le régulateur britannique a demandé aux sociétés de gestion de l’informer quotidiennement des mouvements dans ce domaine. Il redoute une répétition de la crise de liquidités qui avait imposé une suspension des transactions peu après le vote pour le Brexit en 2016.