Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a entamé hier son second mandat de six ans après avoir remporté les élections de mai dernier auxquelles l’opposition n’a pas participé et dont les résultats n’ont été reconnus par pratiquement aucun autre pays au monde.
Aucun pays de l’UE ne sera donc présent à l’investiture. Maduro peut encore compter sur la sympathie de Cuba, du Nicaragua et de la Bolivie, mais un groupe de 14 pays d’Amérique latine et d’Amérique centrale (le groupe de Lima) a déclaré illégale l’élection de Maduro.
Plusieurs journaux en langue espagnole s’intéressent à l’investiture présidentielle. Par exemple, la sécurité de Maduro lors de la cérémonie de jeudi serait assurée par des paramilitaires, des civils armés, et non par la Garde nationale bolivarienne, pour la simple raison que de plus en plus de soldats abandonnent Maduro. Au cours des derniers mois, plus de 4 000 soldats et militaires ont déserté l’armée.
Selon le Washington Post, le ministre de la Défense Vladimir Padrino López (à gauche sur la photoaurait laissé le choix le mois dernier au président (à droite) : démissionner ou accepter sa démission, mais le ministre ne semble pas avoir mis sa menace à exécution.
Selon Maduro, l’attaque reste la meilleure défense, et il met en garde tous les pays qui ne reconnaissent pas sa participation pour les conséquences. Cela correspond peu ou prou à tous les pays du monde.
L’exode: 9 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays
Enfin, un article d’opinion de Julio Borges, membre de l’opposition, a été publié dans le journal espagnol El Mundo. Il mentionne qu’un total de 9 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays.
Le Venezuela est en faillite, écrit Borges, et il cite un certain nombre de chiffres qui corroborent cette affirmation :
- Bien que le pays dispose des plus grandes réserves prouvées de pétrole du monde, la société pétrolière Petróleos de Venezuela (PDVSA) a été pillée par le régime et produit à peine 1 million de barils par jour, contre 3,5 millions à l’époque du prédécesseur et mentor de Maduro, Hugo Chavez.
- Le produit intérieur brut (PIB) du pays a chuté de 56 % depuis l’arrivée au pouvoir de Maduro il y a cinq ans.
- l’inflation est maintenant estimée à 2 000 000 %.
- la dette du gouvernement vénézuélien représente 1,7 fois le produit intérieur brut (PIB).
Un coup militaire orchestré par le reste de l’Amérique
Il demande aux pays d’Amérique latine d’intervenir politiquement et militairement car les Vénézuéliens ne sont pas en mesure de renverser seuls la dictature de Maduro, soutenue par la Russie et Cuba. Selon Borges, un coup d’Etat militaire qui aiderait l’armée vénézuélienne à rétablir la constitution et la démocratie serait le seul moyen d’écarter Maduro.
« Un homme peut mourir pour son pays », conclut Borges, « mais un pays tout entier ne doit pas mourir pour que la soif de pouvoir d’un seul homme puisse être assouvie ».
Comment pille-t-on un pays ?
Le Venezuela était autrefois le pays le plus riche d’Amérique du Sud. A la fin des années nonante du siècle dernier, lorsque le socialiste Hugo Chavez a été élu président pour la première fois, 48 % de la population vénézuélienne vivaient dans la pauvreté. Depuis, sous la gouvernance de Nicolas Maduro, le successeur de Chavez, cette proportion a grimpé à 82 %. (selon des chiffres de mars 2017)
L’économie du pays s’est effondrée en raison de la mauvaise gestion et de la chute des cours du pétrole. Le Venezuela a généré 1 000 milliards de chiffre d’affaires avec les ventes de pétrole, mais il semble que près d’un quart ait été volé par des initiés. La mortalité infantile a fortement augmenté et la pénurie de médicaments accroît également la mortalité dans la population générale.
Nombreux sont ceux qui se demandent s’il faut s’attendre à des changements rapides. Maduro a l’argent et les armes. Ceux qui parient sur la chute imminente du dictateur doivent y songer à deux fois, car « J’y suis et j’y reste » s’applique également à Caracas.