Selon les stéréotypes de genre, les hommes seraient principalement intéressés par la beauté des femmes, tandis que ces dernières attacheraient davantage d’importance au portefeuille de ceux-ci. Toutefois, cela semble ne pas être le cas, si l’on s’en tient aux résultats d’une étude récente au sujet du mythe de l’homme riche et de la belle femme, que rapporte James Hamblin sur The Atlantic.
Lors d’une étude de 1986, les psychologues David Buss et Michael Barnes avaient demandé aux participants de classer ce qu’ils appréciaient le plus chez un partenaire potentiel selon une liste de 76 caractéristiques. Il est apparu que le critère principal que les personnes recherchaient chez un éventuel partenaire n’était ni la beauté, ni la richesse. L’apparence, trait recherché par les hommes, et le statut socio-économique, qualité supposément importante pour les femmes, se sont finalement retrouvés classés dans les derniers rangs des caractéristiques les plus importantes pour la séduction. En revanche, la « gentillesse et la compréhension » figuraient à la première place de ces caractéristiques, suivies d’une « personnalité passionnante » et de l’« intelligence ».
Ainsi, nombre d’enquêtes ont souvent produits des résultats contestatbles, mais d’autres études expérimentales ont fourni des résultats plus précis. Toutefois, un petit nombre de scientifiques croient encore que la beauté physique et le statut socio-économique déterminent l’attirance romantique entre deux individus, estimant que le fait d’être plus séduisant et plus riche procure un avantage à la plupart des personnes. En sociologie, le stéréotype de l’homme riche et de sa belle épouse est connu sous le nom de « beauty-status Exchange », l’échange entre statut et beauté. Selon celui-ci, les deux parties – l’homme riche mais laid et/ou vieux et sa compagne séduisante mais stupide et/ou pauvre, une sorte de « femme-trophée », auraient tout à gagner de ce « troc relationnel ».
Mais une étude récente menée par Elizabeth McClintock, et publiée l’American Review met à mal ce stéréotype. McClintock a étudié 1.507 couples à différents stades de leur relation, y compris les premiers rendez-vous, la cohabitation et le mariage. Elle observe que le concept de « beauty-status Exchange » est un phénomène connu dans la culture populaire et dans les milieux universitaires comme « un processus de marché concurrentiel ». Toutefois, la scientifique a démontré que dans la pratique, ce phénomène était quasiment inexistant, à l’exception du cas de certains magnats comme Donald Trump, et que lorsqu’il existe, il ne tient pas longtemps la route. La force dominante lors de la formation d’un couple est davantage la correspondance entre les deux personnes, explique-t-elle.
Selon elle, les études antérieures sont en fait incomplètes et erronées car, en moyenne, les femmes sont plus séduisantes que les hommes (elles passent plus de temps à soigner leur apparence) et de nos jours, les hommes gagnent toujours plus que les femmes. En outre, le succès est également lié à l’aspect extérieur.
« Cela crée beaucoup de confusion dans les données. (…) Les gens estiment avant toute conclusion que les femmes échangent leur beauté pour de l’argent ». Finalement, les dernières études en date concluent que les personnes sont d’abord à la recherche de compatibilité et de camaraderie au sein de leur relation. Ce qui peut paraître à première vue un échange entre la beauté et le statut est, en réalité, un accord de valeurs entre des hommes et des femmes qui partagent des caractéristiques similaires comme la séduction et le statut économique.
McClintock a également trouvé que la tendance répandue à noter les personnes de statut élevé comme étant plus séduisantes semble se perpétuer d’elle-même.
« A cause de cela, il y a une inclination à voir les femmes qui sont mariées à des hommes de statut élevé – qui ont elles-mêmes des statuts élevés – comme étant plus séduisantes. Cela crée ce cercle auto-affirmatif où nous ne nous interrompons même jamais pour nous demander si nous trouvons l’homme séduisant. Nous disons seulement qu’elle est séduisante, qu’il a un statut élevé – et qu’elle est séduisante en partie parce que le couple a un statut élevé ».
Selon le psychologue Eli Finkel cette perpétuation d’un préjugé peut affecter l’objectivité des études:
« Le fait de supposer que l’importance de la beauté et du statut est liée au genre peut amener les chercheurs à négliger l’attrait physique des hommes et les ressources socio-économiques des femmes ». Le concept de « beauty-status exchange » ne disparaît pas complètement mais il est régi par ce parti-pris sexiste, et son importance diminue substantiellement, affirme McClintock. « Ce concept banalise l’importance de la carrière des femmes dans un sens social ». « Les scientifiques sont des êtres humains. Parfois, nous sommes inconsciemment aveuglés par nos idées sur la façon dont le monde fonctionne », conclut Finkel.