La Russie a recours à des techniques de guerre électronique pour masquer l’emplacement du président russe Vladimir Poutine, indique un rapport d’experts en sécurité du groupe C4ADS. Lorsque le président Vladimir Poutine se rapproche d’un port, le GPS des navires amarrés se détraque et les localise à plusieurs kilomètres, écrit Elias Groll, chroniqueur du site d’information Foreignpolicy. La Russie n’est pas la seule à avoir recours à ce type de stratégie. Les gangs criminels sont également conscients des avantages de cette technique.
Ce rapport suggère que cette usurpation GPS (Spoofing GPS) va bien au-delà des cas précédemment enregistrés à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Lorsque Poutine se rend dans une région, les navires qui se trouvent dans les alentours rencontrent des problèmes de navigation par satellite. Leur logiciel les « téléporte » alors à des endroits situés à plusieurs kilomètres de l’endroit où ils sont stationnés.
Cela été notamment le cas lors d’une visite du président russe en Crimée il y a trois ans. En septembre 2016, Poutine s’est rendu dans le détroit de Kertch pour examiner la progression d’un pont de 4 milliards de dollars menant au continent russe. Les systèmes de navigation des navires dans le détroit ont alors commencé à signaler leur emplacement à l’aéroport de Simferopol, situé à 125 km de là. Deux ans plus tard, Poutine est retourné à Kertch et les navires ont à nouveau indiqué des informations de localisation étranges. Les systèmes de localisation ont alors indiqué l’aéroport d’Anapa, sur le continent russe.
Guerre électronique
Selon Groll, la manipulation des systèmes de navigation a également lieu en dehors des frontières du territoire russe. On a observé des activités russes similaires en Ukraine, en Syrie et aux frontières européennes du pays.
Lors des manœuvres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Scandinavie, plusieurs pilotes ont déclaré avoir rencontré des problèmes avec leurs systèmes GPS. Selon les services de renseignement norvégiens, l’armée russe serait responsable de ces activités.
Le Premier ministre finlandais, Juha Sipila, avait expliqué à l’époque que ces pratiques mettaient en danger la vie d’innombrables civils innocents.
« La Russie est un véritable pionnier dans la manipulation des systèmes de navigation », indique le rapport C4ADS. Ces activités vont bien au-delà de la protection des personnes importantes ou des installations stratégiques. Le pays utilise cette technologie comme une stratégie militaire.
Ces opérations font partie des tentatives de la Russie pour saper l’avantage militaire occidental en matière d’armes de précision. L’armée russe a beaucoup investi dans la guerre électronique. L’objectif est souvent de perturber ou de bloquer la communication de l’ennemi. Les armes intelligentes ont besoin de coordonnées de positionnement fournies par les systèmes de navigation. La Russie utilise cette technologie pour empêcher les tentatives d’assassinat par drone. Le spoofer GPS de Poutine personnifie les signaux GPS civils et fournit au récepteur de fausses coordonnées. Il choisit les coordonnées des aéroports locaux car les drones commerciaux sont généralement préprogrammés pour atterrir automatiquement lorsqu’ils entrent dans l’espace aérien d’un aéroport. En d’autres termes, les drones opérant près de Poutine s’arrêteront ou atterriront automatiquement quand ils se trouveront à portée du spoofer.
Cartels de drogue
Sur une période de deux ans et demi, C4ADS affirme avoir enregistré un total de 9.883 usurpations GPS visant 1.311 navires. Les sites touchés par l’usurpation GPS comprennent des zones situées autour de la Crimée, de Saint-Pétersbourg, de Moscou, de Vladivostok et des bases militaires russes en Syrie.
Selon Groll, la Russie n’est pas la seule à utiliser cette technologie. Cette année, l’armée américaine a averti que des exercices d’interférence GPS affecteraient les systèmes couvrant une vaste étendue du sud-est des États-Unis.
Ce phénomène montre à quel point les systèmes de navigation sont vulnérables. Pour bloquer un système de navigation, il suffit d’un appareil à 350 dollars. Il y a quelques années, il fallait encore débourser 10.000 dollars pour cela.
Avec de tels prix, la technologie est également à la portée des criminels, prévient Groll. « Les autorités américaines ont déjà indiqué que leurs drones à la frontière avec le Mexique étaient régulièrement déroutés par des coordonnées trompeuses. C’est sans doute l’œuvre des cartels de la drogue. «