La démocratie est en berne dans le monde. C’est la conclusion d’une étude qui démontre que la démocratie et la gouvernance n’ont jamais été aussi malménées sur les 12 dernières années. Pire, les dégradations sont les plus notables dans les sociétés libres où les gouvernements se montrent de plus en plus autoritaires.
C’est le Bertelsmann Stiftung, un think tank allemand, qui a réalisé cette étude. Il indique qu’actuellement, 3,3 milliards de personnes vivent dans un régime autocratique. C’est le nombre le plus élevé depuis que les chercheurs ont commencé à recenser cette statistique en 2006. D’un autre côté, 4,2 milliards de personnes vivent dans des démocraties. Sur les 129 pays étudiés par Bertelsmann, 74 sont des démocraties, et 55, des autocraties. L’étude a volontairement exclu les démocraties matures de l’Amérique du Nord, de l’Europe, du Japon, de l’Australie et d’ailleurs.
Les démocraties succombent
« Ce n’est pas tant la légère augmentation du nombre d’autocraties qui est inquiétante. Ce qui est plus problématique, c’est le fait que les droits civils sont de plus en plus restreints et que l’État de droit s’affaiblit aussi dans un nombre croissant de démocraties. (…) D’anciens modèles de démocratisation, comme le Brésil, la Pologne et la Turquie, figurent parmi les pays qui ont le plus chuté ».
Il décerne le bonnet d’âne à la Turquie, expliquant qu’après la tentative de coup d’état échoué en 2016, la répression menée par le président turc Recep Tayyip Erdogan a mené à « une restriction massive de la liberté d’expression de la presse et de la liberté de s’assembler ».
Même en Europe
Le rapport indique également que 5 pays, nommément le Bangladesh, le Liban, le Mozambique, le Nicaragua et l’Ouganda ne satisfont plus aux conditions premières qui définissent une démocratie. Il cite également d’autres pays dont la démocratie est chancelante : le Honduras, le Niger, les Philippines et la Turquie, mais également deux pays européens, à savoir la Hongrie et la Moldavie. En revanche, il n’inclut pas la Pologne dans ce groupe.
Le rapport conclut à une « instabilité politique grandissante et un déclin rapide de la reconnaissance des institutions démocratiques”. “Dans de plus en plus de pays, les dirigeants de gouvernement sapent délibérément les freins et les contrepoids conçus pour rendre l’exécutif responsable, sécurisant de ce fait non seulement leur propre pouvoir, mais également un système de népotisme et la capacité à détourner des ressources de l’État pour leur avantage personnel », peut-on y lire.
Pire, « la tendance de long terme de l’augmentation des restrictions sur les libertés politiques et l’État de droit se poursuit sans répit », et elle provient désormais davantage de pays relativement avancés, que des autocraties déjà bien établies.
Il y a tout de même de bons élèves
Cependant, la démocratie s’est tout de même améliorée dans certains pays, notamment en Argentine,à l’île Maurice et en Uruguay. D’autres nations, comme le Botswana, le Chili, l’Estonie et Taiwan, sont parvenues à maintenir ou à renforcer les fondements de leur démocratie. De même, le Burkina Faso et le Sri Lanka, qui étaient répertoriés comme des “autocraties modérées” dans le rapport précédent, sont désormais définis comme des “démocraties défectueuses”.