En moins de 10 ans, le service de transport de colis du e-commerce Amazon a réussi à s’imposer comme la plus importante entreprise de logistique au monde. Une réalisation colossale d’une entreprise qui a commencé comme libraire en ligne dans un garage situé à Bellevue (Seattle).
Amazon emploie maintenant 648 000 personnes, selon les calculs de Rakuten Intelligence. C’est plus que FedEx (450 000), UPS (481 000) ou le service postal américain USPS (497 000). C’est également plus d’un demi-million de plus que les 117 000 employés que la firme comptait en 2013.
L’infrastructure et la flotte de transport qu’elle a construites ces dernières années sont également impressionnantes : 390 entrepôts, 50 avions, 300 camions et 20 000 fourgonnettes.
Si la société a fait appel à d’autres transporteurs pendant de nombreuses années pour livrer ses commandes au client, elle a livré elle-même 30 % de toutes les commandes l’an dernier. En 2017, cela représentait encore 20 % et en 2016, à peine 8 %. Cette année, Amazon a transporté pas moins de 45 % de toutes ses commandes entre mars et avril.
De plus en plus d’articles commandés à partir de la boutique en ligne Amazon sont désormais livrés par le propre service de colis d’Amazon. La firme est également organisée de telle sorte que ses livraisons « le jour même » ne lui posent pratiquement aucun problème logistique. Dans des dizaines de villes américaines, elle livre même ses commandes Prime en 2 heures. En 2019, 15 % de ces commandes ont été livrées en retard, contre 5 % en 2017.
Amazon, l’exemple-type du « gigantisme » ?
L’essor rapide d’Amazon indique une nouvelle fois à quel point le monde évolue vers ce que l’économiste flamand Geert Noels décrit dans son livre « Gigantisme« . Des entreprises qui deviennent des méga-entreprises sur une période relativement courte et qui dominent les activités, les secteurs et l’économie mondiale. Ces entreprises ne bénéficient pas seulement de leur accès à de l’argent bon marché. Ellles ont également un accès préférentiel aux décideurs et aux politiciens. Grâce à un lobbying intensif, elles obtiennent l’adoption de règles qu’elles ont souvent écrites elles-mêmes. (Selon Steen Jakobsen de la banque danoise Saxo Bank, les politiciens consacrent traditionnellement 1 % de leur temps aux PME et 99 % aux entreprises cotées en bourse. Par ailleurs, 95 % des crédits mis à disposition par les banques vont également aux sociétés cotées. Les PME doivent se partager les 5 % restants.)
Comment rivaliser avec un tel géant ?
Les détaillants qui veulent concurrencer Amazon n’ont pratiquement aucune chance. A moins qu’ils ne soient prêts à investir 10 ans dans leur réseau de distribution. A condition qu’entre-temps ils génèrent suffisamment de volume pour soutenir ces investissements. Amazon bénéficie également de ses investissements en intelligence artificielle, qui lui permettent de faire des prévisions sur la gestion des stocks.
Amazon tente de résoudre le problème du « dernier kilomètre » (‘last mile‘) en ouvrant de plus en plus de dépôts. Dans le domaine de la planification des transports, l’expression « last mile« désigne le mouvement des marchandises d’un centre de transport vers une destination finale. À cet égard, aux Etats-Unis, Amazon convertit de plus en plus de centres commerciaux fermés en entrepôts. Le seul maillon que la société de Jeff Bezos n’a pas encore totalement intégré est la production. Ce n’est qu’une question de temps, dans la mesure où le groupe achète de plus en plus de petites marques privées de différentes catégories.