À la fin de la prochaine décennie, les concepts de propriété et de vie privée n’existeront plus dans les villes. Néanmoins, les citoyens se sentiront parfaitement heureux. Car la vie en ville sera bien mieux organisée, et de façon bien plus efficace que la vie citadine actuelle. C’est l’opinion d’Ida Auken, députée danoise et membre du parti social-libéral Radikale Venstre.
Selon Auken, la possession personnelle d’une maison, d’une voiture, d’appareils d’électro-ménager ou même de vêtements seront des concepts dépassés. “Cela peut vous sembler étrange, mais ce sera parfaitement logique dans cette ville [du futur]. Tout ce que vous considériez être des produits, seront devenus des services”.
La gratuité sera la norme
“Nous avons accès à des transports, au logement, à la nourriture et toutes les autres nécessités de notre vie quotidienne. Une par une, celles-ci vont devenir gratuites, et il ne sera donc plus judicieux de posséder grand chose”.
“Dans un premier temps, la communication sera numérisée et deviendra gratuite. Puis, lorsque l’énergie propre deviendra gratuite, les choses commenceront à évoluer très rapidement. Les prix du transport vont baisser de manière significative. Il ne sera plus intéressant de posséder une voiture, car nous pourrons appeler une voiture autonome ou une voiture volante pour les plus longs voyages. (…) Il sera difficile de croire que nous avons accepté le trafic saturé et les embouteillages, sans parler de la pollution de l’air issue des moteurs à combustion (…)”.
Plus d’espace personnel
“Parfois, nous utiliserons nos vélos pour aller voir des amis. Nous apprécierons de faire du vélo, pour faire de l’exercice, et pour le plaisir. (…) « , “C’est drôle, certaines choses semblent vouées à ne jamais perdre leur intérêt : marcher, faire du vélo, cuisiner, dessiner et jardiner” (…).
Selon Auken, il n’y aura plus de loyers à payer dans la ville du futur, parce que plus personne ne disposera de son espace personnel, et les espaces de vie pourront également servir de salle de réunion en l’absence des résidents. D’ailleurs, il n’y a aura pas de cuisine dans la maison du futur et lorsque les résidents voudront cuisiner (pour le plaisir), tous les ingrédients et appareils nécessaires seront livrés à leur porte.
La durabilité, un critère clé
Ces évolutions auront des conséquences sur la conception des objets, suggère Auken. “Quand les produits auront été transformés en services, plus personne ne s’intéressera aux biens ayant un cycle de vie court. Tout sera conçu avec la durabilité à l’esprit, la possibilité de réparer les objets, et de les recycler.(…)”
“Les problèmes environnementaux sembleront bien loin de nous, car nous n’utiliserons plus que de l’énergie et des méthodes de production propres. L’air sera propre, l’eau sera propre et plus personne n’osera toucher les zones protégées de la nature parce qu’elles apparaîtront essentielles à notre bien-être. Dans les villes, nous aurons beaucoup d’espaces verts, d’arbres et de plantes. (…)”
Le travail, uniquement pour le plaisir
Dans le modèle d’Auken, le shopping sera aussi relégué dans le passé. “Pour la plupart d’entre nous, cela consistera à choisir les produits à utiliser. Parfois, nous le ferons par plaisir, et parfois, nous laisserons un algorithme le faire pour nous. Il connaîtra nos goûts bien mieux que nous.”
Même le travail ne sera plus qu’un événement occasionnel, car les tâches seront principalement effectuées par intelligence artificielle et par les robots, promet Auken. “Le concept d’heures de pointe ne voudra plus rien dire, car notre travail pourra être fait n’importe quand. Je ne sais pas si l’on pourra encore qualifier cela de travail. Il s’agira plus de temps consacré à la réflexion, à la création et au développement. (…)”
Plus de vie privée
La vie dans la ville du futur sera agréable, spécule la politicienne danoise. “Bien meilleure que la voie sur laquelle nous nous trouvions, et pour laquelle il était devenu évident que nous ne pouvions pas continuer avec le même modèle de croissance. Nous avons connu toutes ces choses terribles : les maladies liées au mode de vie, le changement climatique, la crise des réfugiés, la dégradation de l’environnement, des villes complètement congestionnées, la pollution de l’eau, la pollution atmosphérique, les troubles sociaux et le chômage.”
La députée admet qu’il y aura une contrepartie : le renoncement à la vie privée, puisque tous nos faits et gestes seront enregistrés. “Il faut espérer que personne ne l’utilisera contre nous”, dit Auken. Selon elle, les personnes qui ne pourront pas s’adapter à ce nouveau mode de vie partiront vivre à la campagne, où certaines formeront de petites communautés indépendantes.
« Ce modèle n’est pas une utopie ou un rêve d’avenir », souligne Auken. « C’est un scénario qui montre vers quoi nous pourrions nous diriger, pour le meilleur et pour le pire. J’ai écrit cet article pour ouvrir le débat concernant les points positifs et les problèmes liés au développement technologique actuel. Lorsque l’on veut envisager l’avenir, travailler avec des rapports n’est pas suffisant. Nous devrions entamer des discussions de toutes les manières possibles. C’est l’intention de cet article”.