Après l’Italie … l’Espagne? Le président catalan menace de retirer son soutien au Premier ministre Sánchez

Quim Torra, président de la Catalogne, exige que le Premier ministre Pedro Sánchez promette d’organiser un «référendum internationalement reconnu sur l’autodétermination de la Catalogne» en novembre.

En Espagne, le président de la Generalitat de Catalunya, Quim Torra, a menacé de dénoncer son soutien au gouvernement minoritaire du socialiste Pedro Sánchez si aucune proposition n’est présentée en novembre pour « un référendum internationalement reconnu sur l’autodétermination de la Catalogne ». Il a ajouté que si les prisonniers catalans emprisonnés en raison de leur implication dans l’organisation du référendum illégal du 1er octobre de l’année dernière étaient condamnés par la justice espagnole, la Catalogne interpréterait cela comme un « feu vert » pour le droit à l’autodétermination.

Une porte-parole du gouvernement a déjà rejeté l’ultimatum, mais a demandé à ce que le dialogue reste ouvert. Elle demande au gouvernement de Barcelone de garder son calme.

Le gouvernement minoritaire de Sánchez dans une position toujours plus inconfortable

Si Torra exécute sa menace, les journées de Sanchez en tant que Premier ministre semblent être comptées. Au début du mois de juin, le dirigeant socialiste avait eu besoin du soutien du Catalan pour écarter le Premier ministre Mariano Rajoy du pouvoir. Il a obtenu son soutien, mais celui-ci a surtout été donné pour mettre fin à l’ère Rajoy (qui, en vertu de l’article 155, privait les Catalans de leur autonomie), car il était convaincu que Sanchez pouvait faire quelque chose pour la question catalane. 

Les Catalans espéraient pouvoir parler de nouveau avec « Madrid », mais cette « période de grâce » semble terminée.

Après l’Italie… l’Espagne ?

Bien que l’alliance de centre-gauche compte un certain nombre de partisans de l’indépendance catalane, les chances que la demande des Catalans obtiennent la possibilité d’organiser un référendum juridiquement contraignant sur l’indépendance approuvé à la majorité par le parlement espagnol sont pratiquement inexistantes. Cela a été précisé une fois de plus par la porte-parole du gouvernement.

Si les Catalans abandonnent Sanchez, le premier ministre n’aura alors que peu d’options à part organiser des élections anticipées, ce que l’UE ne souhaite guère. Si, après l’Italie, la quatrième économie de la zone euro tombe également en crise, une escalade des problèmes d’endettement sur les marchés financiers semble inévitable.

Premier anniversaire du référendum illégal

Il n’est pas si surprenant que Torra demande plus tôt que prévu une monnaie d’échange pour son soutien à Sánche. Lundi, on a commémoré le premier anniversaire du référendum illégal du 1er octobre 2017 en Catalogne. Cette commémoration s’est accompagnée d’une vague de violence. Plusieurs manifestants masqués ont lancé des pierres sur la police catalane et ont tenté de dresser des barricades. À Gérone, des activistes ont empêché le passage du train à grande vitesse et à Barcelone, plusieurs artères de circulation ont été bloquées.

La séparation de l’Espagne ou la démission de Torra

Le parti anticapitaliste CUP, qui est le « faiseur de rois » grâce à ses quatre sièges au Parlement catalan, et la CDR (Comités de Defensa de la Republica, ou Comité de la Défense de la République) n’exigent rien de moins qu’une séparation immédiate de l’Espagne ou la démission du gouvernement de Torra.

9 hommes politiques catalans sont toujours en prison dans l’attente de leur procès, tandis que 7 autres ont fui à l’étranger, notamment l’ancien président Carles Puigdemont, qui réside en Belgique.

Lors des dernières élections du 23 décembre dernier, les séparatistes –  comme en 2015  – ont obtenu 48 % des voix, mais 70 des 135 sièges.

Ceci est la conséquence d’un décret voté en 1980 stipulant que la province de Barcelone – où vivent 77 % des Catalans – ne se voit attribuer que 63 % des sièges. Un moyen de limiter l’importance de la métropole face aux campagnes traditionnellement plus nationalistes. Par exemple, la province de Lleida, où vivent 5,7 % des Catalans, bénéficie de 11 % des sièges.

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