David Sacks, investisseur de la Silicon Valley et totalement novice à Washington, est devenu, contre toute attente, l’un des membres les plus brillants du deuxième gouvernement Trump. « Même parmi les alliés de la Silicon Valley, il a dépassé les attentes », confie un ancien proche collaborateur, qui a accepté de parler sous couvert d’anonymat.
Contre toute attente, David Sacks, investisseur de la Silicon Valley et novice à Washington, est devenu l’un des membres les plus influents du deuxième gouvernement Trump.
Il est officiellement président du Conseil des conseillers du président Donald Trump pour la science et la technologie.
Mais à la Maison Blanche, on le surnomme le « tsar de l’IA et des cryptos », chargé de guider le président au milieu des révolutions technologiques dans lesquelles les États-Unis jouent un rôle central.
« Je suis reconnaissant qu’il soit là », a salué le patron d’OpenAI, Sam Altman, dans un message sur X.
« Pendant que les Américains se chamaillent, nos rivaux dissèquent chacun des faits et gestes de David », a renchéri le milliardaire et PDG de Salesforce, Marc Benioff.
Ces déclarations de soutien faisaient suite à une enquête du New York Times mettant en lumière les investissements de Sacks dans des entreprises technologiques. Ces entreprises bénéficient du soutien de la Maison Blanche en matière d’IA.
Sacks a balayé l’article, le qualifiant de coup monté « anti-vérité » des médias progressistes.
Mais l’épisode a confirmé que cet outsider né en Afrique du Sud est devenu une force qui compte dans le Washington de Trump, où il a survécu à son ami Elon Musk, dont la carrière à la Maison Blanche s’est achevée dans l’amertume au bout de moins de six mois.
« Même parmi les alliés de la Silicon Valley, il a dépassé les attentes », confie un ancien proche collaborateur, qui a accepté de parler sous couvert d’anonymat.
Membre de la « mafia »
À la différence de nombreuses figures de la Silicon Valley, Sacks, né en Afrique du Sud, est un conservateur convaincu depuis ses années à l’université Stanford dans les années 1990.
C’est là qu’il rencontre Peter Thiel, autoproclamé « roi-philosophe » de la droite technologique.
Au début des années 1990, les deux hommes écrivent dans une publication étudiante, s’attaquant à ce qu’ils considèrent comme le politiquement correct en train de détruire l’enseignement supérieur américain.
Après avoir obtenu des diplômes de Stanford et de l’université de Chicago, Sacks suit d’abord une voie plus classique comme consultant en stratégie chez McKinsey & Company.
Mais Thiel le convainc de le rejoindre dans sa start-up Confinity, qui deviendra ensuite PayPal, légendaire vivier de la « mafia PayPal » — un groupe d’entrepreneurs dont font partie Musk et le milliardaire de LinkedIn Reid Hoffman — dont l’influence s’étend aujourd’hui à l’ensemble du secteur technologique.
Après PayPal, Sacks fonde une entreprise de réseaux sociaux, la revend à Microsoft, puis se bâtit une fortune dans le capital-risque.
Un tournant majeur survient pendant la pandémie de COVID, lorsque Sacks et quelques amis de droite lancent le podcast All-In pour passer le temps, parler business et se défouler contre les démocrates au pouvoir.
Le podcast gagne rapidement en influence, et la marque s’est depuis déclinée en grandes conférences et même en une marque de tequila.
Sacks commence à se frayer un chemin jusqu’au premier cercle de Trump par le biais de contributions de campagne en amont de l’élection présidentielle de l’an dernier.
Avec la bénédiction de Musk, il est nommé chef de file sur la politique en matière d’IA et de cryptomonnaies.
Avant de plonger dans l’IA, Sacks pilote un ambitieux projet de loi sur les cryptomonnaies, apportant une sécurité juridique aux actifs numériques.
C’est un secteur que Trump a embrassé avec enthousiasme : sa famille est désormais lourdement investie dans des entreprises de crypto, et le président lui-même a lancé un « meme coin » — une activité que ses détracteurs dénoncent comme une porte grande ouverte à de possibles dérives corruptives.
Mais l’IA est devenue le cœur de ce second mandat Trump, avec Sacks chargé d’orienter le président vers des politiques favorables à l’industrie.
Sacks fait toutefois face à des critiques grandissantes sur des excès de pouvoir potentiels.
Selon son ancien collaborateur, Sacks poursuit ses objectifs avec une obsession qui lui réussit dans la culture de création d’entreprises de la Silicon Valley. Mais cette même intensité peut générer des tensions à Washington.
La principale controverse porte sur sa volonté d’empêcher les États fédérés d’établir leurs propres réglementations sur l’IA. Selon sa vision, les règles encadrant l’IA doivent émaner exclusivement de Washington.
Lorsque le Congrès a échoué à deux reprises à interdire les réglementations étatiques, Sacks a porté directement son plaidoyer auprès du président, qui a signé un décret menaçant de couper les financements fédéraux aux États adoptant des lois sur l’IA.
« Hors de contrôle »
Les lobbyistes de la tech craignent qu’en agissant en franc-tireur, Sacks n’ait saboté toute chance de parvenir à une régulation nationale efficace.
Plus inquiétante pour Sacks encore est l’opposition croissante de l’opinion publique au déploiement accéléré de l’IA. Les inquiétudes sur les suppressions d’emplois, la prolifération des centres de données et la hausse des coûts de l’électricité pourraient devenir un enjeu majeur des élections de mi-mandat de 2026.
« Les entrepreneurs technologiques sont complètement déchaînés », alerte Steve Bannon, le stratège en chef du mouvement pro-Trump, inquiet des retombées politiques.
Plutôt que de chercher un terrain d’entente, Sacks balaye les critiques, qu’il qualifie de « faux problème » brandi par les catastrophistes de l’IA « qui veulent arrêter tout progrès ».
© arp/sms – AFP Economy/Business
Suivez également Business AM sur Google Actualités
Si vous souhaitez accéder à tous les articles, abonnez-vous ici!

