La première ministre britannique Theresa May a plaidé pour la dernière fois en faveur de l’accord sur le Brexit qu’elle a conclu le 25 novembre dernier avec l’UE aujourd’hui, 24 heures avant le vote parlementaire décisif sur l’approbation de cet accord. Mais tout le monde s’attend à ce que l’accord, qui est décrié tant par les « Brexiters » que par les opposants au Brexit, soit rejeté, et que May réclame un nouveau délai à l’UE.
May a donné ce discours de la dernière chance à Stoke-on-Trent, une ville qui a voté à 69,4 % en faveur du Brexit en 2016.
« Il en va de l’intérêt du pays »
La Première ministre a exhorté les députés britanniques de ne pas décevoir les électeurs ayant voté en faveur du retrait de l’UE, déclarant qu’il en allait « de l’intérêt du pays », et que le pays risquait une « paralysie du Parlement » et un « préjudice catastrophique » pour la confiance que le peuple accorde au processus démocratique. « Imaginez si une Chambre des communes opposée au transfert de responsabilités avait déclaré aux citoyens d’Écosse ou du pays de Galles que, malgré le vote en faveur d’une assemblée législative décentralisée, le Parlement était plus compétent et avait imposé sa volonté. Ou alors les aurait obligés à voter une nouvelle fois. Et si nous nous trouvions dans une situation où le Parlement tentait de sortir le Royaume-Uni de l’UE malgré un vote en faveur du maintien dans l’UE ? », a-t-elle dit.
Le backstop irlandais, pierre d’achoppement du Brexit
May s’est également félicitée des nouvelles assurances de l’UE quant à l’impact de l’accord sur l’Irlande du Nord, affirmant que celles-ci avaient une « force juridique ». L’accord prévoit en effet une clause de sauvegarde, ou « backstop », pour éviter le retour des contrôles physiques à la frontière entre l’Irlande du Nord, un territoire britannique, et la République d’Irlande, jusqu’à ce qu’il en soit défini autrement.
Ce point précis du Brexit est devenu la principale pierre d’achoppement du parti Tory, compte tenu que les « Brexiters » y voient une forme de maintien de la tutelle de l’UE. « Les négociateurs de l’UE indiquent clairement que le backstop n’est ni une menace, ni un piège », a déclaré May.
Demain, après une cinquième journée de débat au Parlement britannique, ce fameux « vote significatif » sur l’accord du Premier ministre aura lieu. Les députés pourront également voter sur les amendements susceptibles de remodeler l’accord.
En cas de rejet de l’accord, un amendement oblige le gouvernement de May à présenter dès mercredi un « Plan B » sur lequel la Chambre des Communes devrait se prononcer lundi prochain. Mercredi, la Première ministre britannique devrait se rendre à Bruxelles pour tenter d’obtenir de nouvelles concessions de la part de l’UE. On s’attend à ce que May réclame, outre de nouvelles négociations, un nouveau report de 3 mois pour l’entrée en vigueur du Brexit.
Le seuil critique des 60 députés
« Une marge de défaite dépassant environ 60 législateurs signifierait probablement que l’accord est morribond et précipiterait les négociations dans l’incertitude, ont déclaré plusieurs responsables de l’UE. Avec une défaite moins cuisante, le bloc pourrait envisager de nouvelles solutions pour rendre l’accord acceptable et lui permettre de passer l’obstacle du Parlement », écrit Bloomberg.
Le parti travailliste pourrait également en profiter pour tenter de renverser le gouvernement de May en réclamant des élections générales anticipées. Dimanche, son responable, Jeremy Corbyn, a indiqué que son parti pourrait demander le vote d’une motion de censure si l’accord de la Première ministre ne rempote pas gain de cause.
Vers un nouveau référendum ?
Selon les termes actuels du Brexit, le divorce entre le Royaume-Uni et l’UE sera effectif le vendredi 29 mars… à moins que les député ne votent un report ou une annulation du Brexit.
Un groupe de politiciens provenant de divers partis politiques et opposés au Brexit a publié un projet de législation pour organiser un nouveau référendum sur le Brexit. Dans ce projet, ils proposent de demander une nouvelle fois aux citoyens s’ils souhaitent que leur pays demeure dans l’UE, ou s’ils souhaitent qu’il quitte l’UE en respectant les clauses de l’accord conclu par la Première ministre.
Ces députés souhaitent donc que l’article 50 qui encadre le processus de deux ans au terme duquel un pays membre de l’UE peut quitte le bloc soit prolongé pour que ce nouveau référendum puisse avoir lieu. Pour ce faire, il faudrait donc que le Royaume-Uni demeure au sein de l’UE au-delà du 29 mars.