Une main-d’œuvre vieillissante transforme le paysage industriel, générant des défis opérationnels mais aussi de nouvelles opportunités de croissance. La solution résiderait dans la convergence entre technologie, ressources humaines et partenariats…
Il suffit de passer du temps dans un atelier, une salle technique d’hôpital ou une plateforme logistique pour observer le même schéma. Beaucoup de ceux qui assurent le bon fonctionnement des équipements sont en poste depuis des décennies. Ils connaissent chaque bruit de la machine, détectent la moindre anomalie sans regarder un écran et possèdent un instinct pour le métier qu’aucun manuel de formation ne saurait retranscrire.
Une telle expérience ne se renouvelle pas au même rythme qu’elle disparaît. Selon le dernier Maintenance Trend Report d’Ultimo, près des deux tiers des répondants estiment que le vieillissement de la main-d’œuvre constitue leur principal défi en matière de maintenance. La moitié cite les difficultés de recrutement comme leur principal casse-tête opérationnel. Ce n’est pas une perte théorique : elle se traduit désormais par des réparations plus lentes, une hausse des coûts et des écarts de connaissances qui pèsent sur les décisions courantes.
Pour le secteur informatique, il ne s’agit pas seulement d’un problème de main-d’œuvre à observer de loin. C’est le moment d’intervenir, d’apporter des outils à valeur ajoutée, et d’aider les clients à reconstruire leur résilience avant que les lacunes ne deviennent critiques.
Plusieurs points de pression
Le déficit de compétences n’est qu’une partie du problème. Les organisations industrielles subissent des pressions sur plusieurs fronts : concurrence internationale accrue, objectifs de durabilité nécessitant des reportings plus stricts, évolutions réglementaires souvent imprévues. Ensemble, ces facteurs font de l’agilité une nécessité, non plus un simple atout.
C’est là que les plateformes de gestion des actifs d’entreprise (EAM) vont bien au-delà du simple suivi de la maintenance. Couplées à l’IoT, à l’IA, à l’apprentissage automatique, aux jumeaux numériques et à l’analytique prédictive, elles deviennent centrales dans l’adaptation de l’organisation. Les informations générées permettent d’accélérer la prise de décision, de mieux cibler les investissements et de maintenir la performance des équipements au plus haut niveau.
Les chiffres de Verdantix montrent pourquoi cela est important. Les dépenses en logiciels EAM se sont élevées à 4,5 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros) en 2024 et devraient atteindre 6,4 milliards de dollars (5,5 milliards d’euros) en 2028. Plus de la moitié des responsables opérationnels prévoient de déployer de nouveaux systèmes ou d’étendre ceux existants cette année. Certains souhaitent moderniser des processus obsolètes, d’autres ciblent des problèmes spécifiques comme les arrêts imprévus ou les risques de non-conformité.
Pour le secteur informatique, c’est un espace ouvert. Il ne s’agit plus seulement de fournir des logiciels, mais de les intégrer dans les workflows, de les connecter aux autres systèmes, et de garantir un retour sur investissement concret pour les clients.
Quand l’IA révolutionne la maintenance
La maintenance prédictive est un objectif de longue date. Grâce à l’IA et au machine learning, elle devient enfin accessible. Certaines études estiment qu’elle peut prolonger la durée de vie d’un équipement de 20 à 40 pour cent. Dans les secteurs où chaque heure d’arrêt coûte des centaines de milliers d’euros, c’est une différence qui vaut la peine d’être recherchée.
Les données récentes montrent un essor marqué de l’intérêt pour les fonctionnalités avancées. Intelligence contextuelle, jumeaux numériques et analyses pilotées par l’IA s’intègrent désormais dans les stratégies courantes. L’écueil : près de la moitié des organisations reconnaissent ne pas disposer en interne des compétences nécessaires pour exploiter pleinement ces outils.
Ce vide est un rôle naturel que les partenaires informatiques peuvent combler. Proposer des solutions EAM prêtes pour l’IA, avec le savoir-faire pour les implémenter et les maintenir, permet aux clients d’en bénéficier immédiatement, sans constituer une équipe data interne.
Du bureau à l’atelier
Ces innovations sont concrètes. En gestion de la sécurité, par exemple, l’IA analyse les ordres de travail entrants, détecte des signaux de risques environnementaux ou sanitaires, et génère automatiquement un rapport d’incident. Plus besoin de compter sur la mémoire de chacun pour remplir un formulaire.
La classification des équipements est un autre chantier clé. L’IA peut identifier et classifier le matériel à partir de photos, de relevés IoT ou de documents techniques, accélérant une tâche qui, sinon, peut traîner sur des semaines. La planification gagne en intelligence, avec une affectation des missions selon les compétences, certifications et disponibilités de chaque technicien.
Pour les partenaires informatiques, chacun de ces usages peut amorcer une collaboration approfondie : déploiement initial, ajustements, formation, puis optimisation sur le long terme.
La technologie a encore besoin de l’humain
L’automatisation ne fait pas tout. L’humain reste au cœur de la maintenance. Les systèmes EAM modernes captent l’expertise des personnels seniors et la restituent de façon à la transmettre facilement. Ce savoir soutient les membres les moins expérimentés, ou sert de référence rapide à quiconque s’attaque à une panne complexe pour la première fois.
Pour les nouvelles recrues, ces systèmes offrent un environnement de travail familier : accès mobile, interfaces intuitives, informations en temps réel. De quoi attirer une génération qui, souvent, hésite à rejoindre ces filières.
Changer de perspective
Certes, le vieillissement des effectifs est un défi. Mais il peut aussi être le moteur d’une transformation vers de meilleurs systèmes, des processus plus intelligents et des opérations plus résilientes. Les entreprises recherchent activement des solutions pour préserver leur savoir-faire, accroître leur efficacité et répondre à des exigences croissantes de performance, sécurité et durabilité.
Les partenaires informatiques, s’ils maîtrisent les enjeux sectoriels et conjuguent cette connaissance à leur expertise EAM et IA, seront idéalement placés pour apporter ces solutions. Résultat : moins d’arrêts non planifiés, des équipements plus durables, et une transition d’une maintenance réactive à une maintenance préventive.
L’avenir de la maintenance sera façonné par la collaboration entre le digital et l’humain. Pour le channel, l’opportunité consiste à favoriser cette synergie et, ce faisant, jouer un rôle clé dans la nouvelle ère des opérations industrielles. (uv)
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