Les soldats russes confrontés à des problèmes de santé mentale après la guerre en Ukraine


Principaux renseignements

  • Les soldats russes de retour au pays présentent des taux élevés de SSPT, d’alcoolisme et de pensées suicidaires.
  • Les plateformes en ligne offrent aux soldats et à leurs familles un espace où ils peuvent partager leurs difficultés et chercher du soutien.
  • La stigmatisation sociale et la méfiance à l’égard du système de santé mentale dissuadent les soldats de chercher une aide professionnelle.

Les soldats russes qui reviennent de la guerre en Ukraine sont confrontés à une recrudescence des problèmes de santé mentale, notamment le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), l’alcoolisme et les pensées suicidaires. Des médias indépendants ont depuis longtemps mis en lumière cette crise croissante, mais des recherches récentes menées par des professionnels de la santé russes commencent à en quantifier l’ampleur.

Une étude réalisée auprès de militaires hospitalisés dans un établissement psychiatrique de Moscou révèle qu’environ la moitié des patients présentent un trouble de stress post-traumatique dès leur admission. Le symptôme le plus courant consiste en des souvenirs intrusifs liés aux combats. Même si certains soldats reçoivent d’autres diagnostics de santé mentale lors de leur sortie, beaucoup continuent à combattre l’anxiété, la dépression et l’insomnie.

Les réseaux sociaux comme exutoire pour les soldats russes

Les plateformes de médias sociaux sont devenues des espaces où les militaires russes partagent leurs expériences du bilan psychologique de la guerre. Des soldats expriment avec urgence leur besoin d’être libérés pour raisons médicales, car ils ressentent une forte instabilité. D’autres racontent qu’ils subissent des cauchemars récurrents et qu’ils peinent à gérer leur vie quotidienne.

Les familles des soldats participent aussi activement à ces échanges en ligne. Elles cherchent du soutien et des conseils pour aider leurs proches à surmonter les défis complexes qu’ils rencontrent. Ils recherchent souvent des options de traitement discrètes pour les problèmes de toxicomanie et de santé mentale, craignant les répercussions potentielles.

L’alcoolisme comme mécanisme d’adaptation

Un psychologue russe spécialisé dans les questions relatives aux anciens combattants attribue la consommation excessive d’alcool qui prévaut parmi ces soldats à des sentiments de colère et d’isolement résultant d’un décalage perçu entre leurs expériences et la vie civile. Le manque de compréhension et d’empathie de la part de ceux qui n’ont pas été les témoins directs de la guerre peut engendrer de la frustration et un sentiment de futilité.

Au-delà du SSPT et de l’alcoolisme, le comportement suicidaire apparaît comme une préoccupation majeure chez les soldats de retour au pays. Une étude menée à Novossibirsk a révélé qu’un quart des militaires hospitalisés avaient tenté de se suicider, le risque étant nettement plus élevé chez ceux qui avaient reçu un diagnostic de SSPT ou de troubles de l’adaptation. La mobilisation massive de la fin de l’année 2022 a exacerbé ces risques, soulignant l’impact profond de la guerre sur le bien-être mental.

Obstacles à la recherche d’aide

Malheureusement, les soldats recherchent rarement une aide professionnelle de manière indépendante en raison de normes culturelles profondément ancrées qui assimilent la vulnérabilité à la faiblesse et d’une méfiance générale à l’égard du système de santé mentale russe. Les militaires perçoivent souvent la recherche d’un traitement comme une menace pour leur carrière, ce qui décourage encore davantage l’accès à un soutien essentiel. (fc)

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