La Cour constitutionnelle impose des limites à l’administration fiscale en matière de contrôle des comptes étrangers


Principaux renseignements

  • La Cour constitutionnelle a statué que les autorités fiscales ne peuvent enquêter sur des revenus non déclarés provenant de comptes bancaires étrangers que pendant une période maximale de cinq ou sept ans avant de recevoir de nouvelles informations par le biais de Common Reporting Standard (CRS).
  • Les autorités fiscales doivent ouvrir une enquête dans les deux ans suivant la réception des données du CRS. Si elles ne le font pas, elles ne peuvent pas utiliser les données ultérieures du CRS pour enquêter rétroactivement sur les années antérieures.
  • Cette décision souligne l’importance d’examiner attentivement les données du CRS pour y déceler d’éventuelles erreurs et de veiller à ce que les déclarations de comptes bancaires étrangers aux autorités fiscales belges soient exactes.

Les autorités fiscales belges enquêtent chaque année sur environ 6.000 à 7.000 contribuables belges pour défaut de déclaration de revenus provenant de comptes bancaires étrangers. Auparavant, une infraction pouvait donner lieu à des enquêtes remontant à cinq ou sept ans. Toutefois, la Cour constitutionnelle a décidé que cela n’était pas toujours possible. c’est ce que rapporte De Tijd.

Données du CRS

Les données relatives aux comptes étrangers détenus par les Belges sont facilement accessibles aux autorités fiscales grâce au Common Reporting Standard (CRS), un accord international adopté par plus de 100 pays. Cela permet au Service public fédéral Finances de recevoir chaque année des informations détaillées sur les avoirs étrangers et les revenus qu’ils génèrent.

Grâce à ces données du CRS, les autorités fiscales belges peuvent identifier les personnes qui ne déclarent pas les revenus générés par leurs comptes étrangers, tels que les intérêts ou les dividendes. Francis Adyns, porte-parole du SPF Finances, a déclaré qu’environ 6.700 cas ont été sélectionnés pour une enquête plus approfondie au cours de chacune des années 2022 et 2023.

Règles strictes

Les enquêtes ont permis de collecter 21,5 millions d’euros d’impôts supplémentaires en 2022. Les résultats pour 2023 sont encore en attente. Lorsqu’elles analysent les données du CRS, les autorités fiscales doivent respecter des règles strictes concernant les informations qui peuvent faire l’objet d’une enquête. La date à laquelle elles reçoivent les informations étrangères joue un rôle crucial.

À partir de cette date, les autorités fiscales disposent de deux ans pour mener des enquêtes supplémentaires sur les revenus non déclarés, ce qui peut entraîner des pénalités et une augmentation des impôts. Si les informations suggèrent que des revenus imposables n’ont pas été déclarés au cours des années précédentes, les autorités fiscales peuvent enquêter sur les cinq (en l’absence de soupçon d’intention) ou sept (en cas de soupçon de fraude) années précédentes.

L’objet d’un débat

Cependant, l’étendue de cette enquête rétroactive a fait l’objet d’un débat ces dernières années. La Cour constitutionnelle a récemment rendu un arrêt qui clarifie la situation. Charlotte Lardenoit, avocate chez Sansen International Tax Lawyers, explique que « l’administration fiscale ne peut mener des enquêtes pour les cinq ou sept années précédentes que si des nouveaux éléments ressortent des données du CRS qu’elle reçoit ». Elles ne peuvent pas se baser sur des informations qu’elles possédaient déjà.

Par exemple, si les autorités fiscales ont reçu des données du CRS concernant les revenus de 2021 mais n’ont pris aucune mesure dans le délai de 24 mois, elles ne peuvent pas utiliser les données de 2024 pour enquêter sur 2021, à moins que de nouvelles informations contenues dans les données de 2024 ne jettent un éclairage différent sur les données de 2021.

Article 358

Filip Smet de Deloitte Legal Lawyers considère que l’arrêt est important et correct, déclarant qu' »il a toujours été souligné, même par la Cour constitutionnelle, que l’article 358 (qui réglemente l’utilisation des données du SIR par les autorités fiscales) doit être interprété de manière restrictive, et cet arrêt s’aligne pleinement sur ce principe ».

Lardenoit conseille aux contribuables d’examiner attentivement les données de leur SIR, car elles contiennent souvent des erreurs. Les particuliers peuvent vérifier sur MyMinfin.be si des fichiers CRS ont été soumis aux autorités fiscales concernant leurs comptes bancaires étrangers.

Bien que le fait d’avoir un compte bancaire à l’étranger ne signifie pas nécessairement que les contribuables belges doivent payer des impôts sur ce compte, l’existence du compte doit être déclarée à la fois dans la déclaration d’impôts et au Point de contact central (PCC) de la Banque nationale. (fc)

Plus