Principaux renseignements
- Ennahdha, le mouvement islamiste tunisien, est confronté à des défis majeurs en raison de la prise de pouvoir et de la répression du président Kais Saied.
- Malgré les revers, certains observateurs pensent qu’Ennahdha pourrait regagner de l’influence lorsque les libertés politiques seront rétablies.
- Le déclin d’Ennahdha est antérieur à la présidence de Saied, en partie à cause de son incapacité à résoudre les problèmes socio-économiques et des accusations de liens avec le djihadisme.
Ennahdha, le mouvement islamiste tunisien qui était autrefois une force politique dominante, a subi de sérieux revers depuis l’arrivée au pouvoir du président Kais Saied en 2021. Les bureaux du parti ont été fermés, ses dirigeants ont été emprisonnés ou exilés, et son influence a considérablement diminué.
Malgré ces difficultés, certains observateurs pensent qu’Ennahdha pourrait faire son retour. Le politologue Slaheddine Jourchi reconnaît que le parti a été affaibli, mais insiste sur le fait qu’il reste la figure la plus importante dans le paysage fragmenté de l’opposition tunisienne. Il a déclaré à l’AFP. Riadh Chaibi, un responsable d’Ennahdha, a souligné que le parti restait pertinent malgré la répression et les procès. Il s’attend à ce que le parti reprenne des forces une fois que les libertés politiques seront rétablies.
La popularité d’Ennahdha avait déjà commencé à décliner
Le déclin d’Ennahdha est antérieur à la présidence de Saied. Le parti a perdu sa popularité après 2019, en partie à cause de son incapacité à résoudre les problèmes socio-économiques. Il y a également eu des allégations de liens avec des groupes djihadistes, ce que le parti a toujours nié.
Saied, qui évite de mentionner directement Ennahdha, qualifie la période où le parti était au pouvoir de « décennie noire » marquée par des crimes présumés contre le pays. Sa prise de pouvoir a été accueillie par des célébrations publiques, reflétant une désillusion croissante face aux promesses non tenues d’Ennahdha.
S’adapter à la répression
Bien qu’il se limite actuellement à des déclarations en ligne, réagissant principalement à l’emprisonnement des critiques de Saied. Cependant, le parti a également été confronté à la répression dans le passé. Le parti a subi une forte répression sous les régimes autocratiques précédents, ses dirigeants ayant été emprisonnés ou exilés.
L’historien Abdellatif Hannachi suggère qu’Ennahdha s’adapte à la situation actuelle, attendant des changements favorables pour une résurgence potentielle. Il reconnaît le déclin du parti mais ne prévoit pas sa disparition.
La chute d’Ennahdha est le reflet d’une répression plus large de l’opposition en Tunisie. Des dizaines de personnalités du monde politique, des médias et des affaires sont actuellement en prison. Selon Kamel Jendoubi, défenseur des droits de l’homme, cette situation reflète l’objectif de Saied : faire taire les dissidents et les critiques. (jv)

