L’ex-PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn est ‘entré légalement au Liban’, a indiqué mardi le ministère des Affaires étrangères à Beyrouth, au lendemain de l’arrivée de l’homme d’affaires poursuivi au Japon pour malversations financières.
La Direction générale de la sûreté générale a elle aussi affirmé dans un communiqué que M. Ghosn était entré ‘légalement’ au Liban, précisant qu’aucune mesure n’imposait ‘l’adoption de procédures à son encontre’ et que rien ne ‘l’exposait à des poursuites judiciaires’.
L’homme d’affaires, qui détient les nationalités libanaise, française et brésilienne, a confirmé mardi être au Liban.
Préserver ‘les meilleures relations’ avec Tokyo
Il serait arrivé lundi ‘à l’aube’, ont précisé les Affaires étrangères, dans leur communiqué publié par l’agence de presse étatique ANI. Le ministère a souligné toutefois ne rien savoir des circonstances de son départ du Japon.
‘Il n’y a pas avec le Japon d’accord de coopération judiciaire ou d’extradition’, a précisé le ministère, mais ‘les deux pays sont signataires de l’accord des Nations Unies pour la lutte anti-corruption’.
C’est sur cette base que le Liban a adressé plusieurs lettres officielles au gouvernement japonais concernant M. Ghosn et qui sont restées sans réponse, ajoute-t-il, soulignant toutefois la volonté de Beyrouth de préserver ‘les meilleures relations’ avec Tokyo.
‘Je n’ai pas fui la justice’
M. Ghosn, qui fut le chef d’entreprise le mieux payé au Japon, a été arrêté fin 2018. Il fait l’objet de quatre inculpations dans ce pays: deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (qui est aussi poursuivi sur ce volet), et deux autres pour abus de confiance aggravé.
Fin avril, après 130 jours en prison, il a obtenu une libération sous caution, accompagnée de strictes conditions.
‘Je n’ai pas fui la justice, je me suis libéré de l’injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine’, a indiqué mardi M. Ghosn dans un communiqué transmis par ses portes-parole.
‘Jusqu’à nouvel ordre, M. Ghosn est en sécurité’
L’ancien ministre de la Justice libanaise et expert juridique Ibrahim Najjar a confirmé à l’AFP que le droit libanais ne permet pas aux autorités de livrer un ressortissant à un pays étranger.
En cas d’un possible recours à Interpol, M. Najjar explique que le nom de M. Ghosn serait communiqué aux frontières des pays membres pour réclamer une arrestation. ‘Mais Interpol ne peut pas le faire arrêter par la force, ou imposer une quelconque décision au Liban’, rappelle-t-il.
‘Jusqu’à nouvel ordre, M. Ghosn est en sécurité. La justice libanaise peut le juger s’il est établi qu’il a commis un crime punissable par le droit libanais’, souligne M. Najjar.
Les autorités judiciaires libanaises peuvent demander au Japon de leur remettre le dossier Ghosn pour consultation. Mais ‘le Liban ne peut pas juger une personne accusée de fraudes fiscales commises dans un pays étranger’, ajoute l’expert.