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« Pourquoi n’avez-vous rien fait ? » : critiques acerbes envers la ministre Karine Lalieux (PS) après le scandale du CPAS d’Anderlecht

« Pourquoi n’avez-vous rien fait ? » : critiques acerbes envers la ministre Karine Lalieux (PS) après le scandale du CPAS d’Anderlecht
Karine Lalieux (PS) et Vincent Van Quickenborne (Open Vld) – (Photo by JAMES ARTHUR GEKIERE/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

La séance de la Chambre jeudi a principalement tourné autour d’un sujet qui préoccupait tout le monde : les dysfonctionnements au sein du CPAS d’Anderlecht. La ministre compétente, Karine Lalieux, est accusée d’avoir été informée depuis longtemps sans avoir agi.


Principaux renseignements

  • À la Chambre, tout le monde condamne la fraude au CPAS d’Anderlecht. Certains estiment que la ministre Lalieux aurait dû agir davantage.
  • La réponse de Lalieux aux accusations n’est pas jugée satisfaisante par l’Open Vld.
  • Paul Magnette minimise les propos de l’ancien président du CPAS, Mustapha Akouz.

Contexte : Un reportage de Pano a révélé que l’obtention d’un revenu d’intégration au CPAS d’Anderlecht est particulièrement facile.

  • Le reportage a montré que des employés du CPAS attribuent des revenus d’intégration sans procéder à des vérifications. En conséquence, des journalistes infiltrés ont pu facilement obtenir de l’argent avec une fausse adresse. Sur Internet, un véritable marché s’est développé autour de la vente de fausses adresses permettant à des personnes ne résidant pas à Anderlecht de bénéficier indûment d’un revenu d’intégration.

Suivi : Le scandale éclabousse également le PS.

  • Karine Lalieux, ministre démissionnaire de l’Intégration sociale et de la Lutte contre la pauvreté (PS), est responsable du Service public d’Intégration sociale, chargé de superviser les CPAS. Après les révélations, Lalieux a fait intervenir l’inspection, qui « travaille avec le CPAS et le service public pour trouver des solutions ». Plus tôt cette semaine, elle a néanmoins affirmé n’avoir aucune responsabilité dans cette affaire : le suivi des CPAS individuels incombe aux autorités locales, a-t-elle déclaré.
  • Cependant, l’affaire a pris une nouvelle ampleur. Il est question de clientélisme lié à des influences politiques : certaines personnes auraient été favorisées grâce à leurs connexions. Mustapha Akouz (PS), ancien président du CPAS d’Anderlecht, n’a pas nié ces pratiques. « Je comprends que cela dérange certaines personnes en Flandre, mais je suis socialiste et fier de l’être. Je suis fier d’aider mes semblables. On peut me critiquer pour cela, mais c’est ainsi », a-t-il déclaré à 7sur7.

« Une culture d’entreprise toxique au sein du PS »

Dans l’actualité : Tous condamnent la fraude au CPAS d’Anderlecht, et plusieurs partis s’en prennent aussi à la ministre.

  • Les députés ont exprimé à Lalieux leur indignation face au scandale. Les termes « répugnant », « inacceptable » et « choquant » ont été utilisés. La gestion de la ministre a également été jugée insuffisante.
    • Sammy Mahdi (cd&v) a déclaré : « Je ne veux plus jamais entendre le PS parler de démantèlement social. Distribuer des milliers d’euros sans contrôle, c’est du démantèlement social. Donner de l’argent à des personnes qui n’y ont pas droit et les favoriser, c’est du démantèlement social. Et le plus révoltant, c’est que vos services étaient au courant. »
    • Vincent Van Quickenborne (Open Vld) a cité des rapports alarmants transmis par l’inspection au service public : « Vous étiez responsable, et vous n’avez rien fait ? », a-t-il demandé à Lalieux.
    • Wouter Raskin (N-VA) a pointé du doigt le PS : « Il règne une culture d’entreprise toxique au sein du PS. Récemment, nous avons parlé de fonds Beliris détournés au profit du bourgmestre PS. Et maintenant, Lalieux ne condamne même pas le président du CPAS (Mustapha Akouz, ndlr). »
    • Matti Vandemaele (Groen) a évoqué la charge de travail excessive au CPAS d’Anderlecht, également mise en avant dans le reportage : « Dans des villes comme Courtrai, un assistant social traite environ cinquante dossiers. Ici, c’est deux cents. Avec autant de dossiers, la fraude est inévitable. Les personnes ayant réellement besoin d’aide passent à la trappe. »
    • Les socialistes eux-mêmes se disent consternés. « Tout socialiste devrait être furieux face à cela. C’est extrêmement décevant. Cela détruit notre solidarité et notre sécurité sociale. Les gens méritent mieux », a déclaré Anja Vanrobaeys (Vooruit).
    • Enfin, le PS s’est exprimé. Caroline Désir (PS) a affirmé : « La fraude est inacceptable car elle mine la confiance dans le système. » Elle a plaidé pour un audit de tous les CPAS. Le président du PS, Paul Magnette, a également condamné la fraude, soulignant que tous les revenus d’intégration indûment versés doivent être remboursés.

« Votre réponse est hallucinante »

Réaction : Lalieux a tenté de se défendre, mais difficilement.

  • Lalieux a répondu aux questions, mais ses propos sont en grande partie une répétition de ce qu’elle a déjà dit. Elle a qualifié les pratiques d’« inacceptables », a réaffirmé que l’argent doit être récupéré et a expliqué avoir pris des mesures pour renforcer les contrôles.
  • Elle a également annoncé que le Service public d’Intégration sociale effectuerait des « contrôles systématiques » au CPAS d’Anderlecht. Le service doit aussi évaluer la nécessité de tels contrôles ailleurs. Cependant, elle n’a pas précisé comment ces contrôles systématiques seraient mis en œuvre.
  • Van Quickenborne a qualifié la réponse de la ministre d’« hallucinante » : « C’est toujours la faute des autres. Vous auriez pu faire bien plus. Vous auriez pu sanctionner le bourgmestre et renforcer les compétences de l’inspection. »

À suivre : Qu’en est-il de Mustapha Akouz ?

  • La N-VA estime que les propos d’Akouz prouvent la corruption du système. Paul Magnette affirme qu’il n’y a pas eu d’ingérence politique, rapporte Bruzz. Selon lui, l’attribution des revenus d’intégration relève d’un comité spécial composé de membres de la majorité et de l’opposition. « Un mandataire a tenu des propos absurdes, ce qui a semé la confusion », a déclaré Magnette à propos d’Akouz.
  • Si Akouz a commis des erreurs, Magnette le sanctionnera probablement. Le président du PS a affirmé avoir « toujours été rigoureux à ce sujet ».
  • Par ailleurs, Lalieux devra de nouveau répondre aux questions mercredi prochain, lors d’une audition devant la Commission des Affaires sociales.
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