En Belgique, la production d’électricité d’origine renouvelable a connu un fameux bond en avant en 2023. Éoliennes, biomasse et autres panneaux solaires et ont dépassé les énergies fossiles pour la toute première fois. C’est une bonne chose. Mais si on analyse cela à l’échelle européenne, c’est tout de suite moins glorieux.
Dans l’actu :
- La Saint-Sylvestre derrière nous, on a pu constater qu’en 2023, la Belgique a finalement produit plus d’électricité via des énergies renouvelables que via des fossiles.
- Le nucléaire reste toutefois la source numéro un de l’électricité belge.
30% de l’électricité produite en Belgique est issue du renouvelable
Les détails : le nucléaire devant le renouvelable et le fossile.
- « Pour la première fois, nous produisons plus d’énergie renouvelable que d’énergie fossile », titrait De Standaard ce mardi. Une information largement relayée par l’ensemble de la presse belge par la suite.
- C’est tout à fait vrai. Selon les données disponibles sur le site Energy-Charts, le renouvelable a permis de produire 23,5 TWh sur l’ensemble de l’année. Répartis comme suit :
- 7,9 TWh via l’éolien offshore et 6,2 via l’éolien onshore.
- 7,2 via le solaire.
- 1 TWh via l’incinération des déchets renouvelables.
- 0,9 TWh via la biomasse.
- 0,1 TWh via l’hydraulique.
- Dans le même temps, il y a eu 22,2 TWh d’électricité produite via des combustibles fossiles. Dont 15,2 TWh issus des centrales au gaz.
- On observe une nette diminution par rapport à l’année dernière, où ce chiffre était encore de 26,4 TWh (dont 20 pour les centrales au gaz).
- Les centrales nucléaires sont restées la source d’électricité principale du pays. Permettant de produire 31,3 TWh d’électricité à elles seules
- Là aussi, c’est bien moins que les 41,7 TWh atteints en 2022.
Pour 2023, cela donne donc le nucléaire à 40,7%, le renouvelable à 30,5% et le fossile à 28,8%. En 2022, ce ratio était de respectivement 47%, 23% et 30%.
Les explications : multiples.
- La montée en puissance du renouvelable peut principalement s’expliquer par deux facteurs :
- Une météo particulièrement venteuse qui a boosté la production d’électricité d’origine éolienne.
- Une nette augmentation de la capacité solaire installée en Belgique, qui a permis de produire davantage d’électricité qu’en 2022 malgré un ensoleillement moindre.
- La nette baisse de la production d’électricité via le nucléaire s’explique bien sûr en partie par l’arrêt de Doel 3 (septembre 2022) et Tihange 3 (janvier 2023).
- Un autre élément d’explication très important est la baisse la consommation – et donc de la production. Cette dernière a été réduite de 13% en un an.
- Une chute de la consommation intrinsèquement liée aux prix élevés. Tant les ménages que l’industrie se sont serrés la ceinture en 2023.
- Les centrales au gaz n’ont donc même pas dû compenser la fermeture des deux réacteurs nucléaires.
Notons tout de même que la Belgique a été importatrice nette d’électricité (3,2 TWh) en 2023. Soit 4% de sa consommation. En 2022, elle avait été exportatrice (5,8 TWh).
Beaucoup d’autres pays européens font mieux
La comparaison : pas vraiment avantageuse.
- Le fait que le renouvelable ait dépassé le fossile dans la production belge d’électricité constitue un cap aussi symbolique qu’encourageant. Toutefois, quand on compare nos chiffres à ceux des voisins, on se rend compte que la Belgique est encore à la traîne.
- Toujours selon les données compilées par Energy-Charts, en 2023, les pays de l’UE ont produit en moyenne 44% de leur électricité via des énergies renouvelables, l’éolien terrestre nettement en tête. Soit bien plus que via des énergies fossiles (32%) et le nucléaire (24%).
- Les meilleurs élèves sont l’Autriche (87% de renouvelable), le Danemark (81%) et le Portugal (74%). La première est portée par son énergie hydraulique, les deux autres par leur énergie éolienne. On pourrait aussi citer le Luxembourg (90%), mais la petitesse du pays et de sa production d’électricité rendent la comparaison moins pertinente.
- Si on compare la Belgique avec ses plus proches voisins, elle fait beaucoup moins bien que l’Allemagne (60%), mais mieux que les Pays-Bas (20%) et que la France (26%). Cette dernière pourra toutefois toujours s’enorgueillir de son énorme production d’origine nucléaire (décarbonée, donc).