Pour la première fois au monde, un dispositif a permis de traduire en texte les pensées d’un individu, et ce, sans qu’aucune intervention chirurgicale ou IRM ne soit nécessaire. C’est une avancée majeure pour la recherche visant à permettre aux personnes paralysées de communiquer avec autrui, par exemple.
L’actualité : des chercheurs du Centre d’intelligence artificielle centrée sur l’humain GrapheneX-UTS de l’Université de technologie de Sydney (UTS) ont mis au point un dispositif capable de transmettre les pensées à un ordinateur et de les traduire en texte.
- C’est une avancée majeure pour la médecine, pour améliorer le quotidien des personnes incapables de parler en raison d’une maladie ou d’une blessure, mais aussi pour la technologie.
- Mais plus encore, le dispositif fluidifie la communication entre les humains et les machines et ouvre la voie à un nouveau champ de possibles.
« Cette recherche représente un effort pionnier dans la traduction des ondes EEG brutes directement en langage, marquant une avancée significative dans ce domaine »
a déclaré le professeur distingué CT Lin, directeur du Centre GrapheneX-UTS HAI.
Concrètement : le dispositif repose sur un casque recouvert de capteurs qui enregistre l’activité électrique cérébrale à travers le cuir chevelu à l’aide d’un électroencéphalogramme (EEG) et l’utilisation d’une intelligence artificielle.
- « L’onde EEG est segmentée en unités distinctes qui capturent des caractéristiques et des schémas spécifiques du cerveau humain. Ceci est réalisé par un modèle d’IA appelé DeWave développé par les chercheurs. DeWave traduit les signaux EEG en mots et en phrases en apprenant à partir de grandes quantités de données EEG », expliquent les chercheurs dans leur rapport.
- Le dispositif en question « est le premier à intégrer des techniques de codage discret dans le processus de traduction cerveau-texte, introduisant ainsi une approche innovante du décodage neuronal. L’intégration de grands modèles de langage ouvre également de nouvelles frontières en neurosciences et en IA », a souligné le professeur Lin.
Mieux que Neuralink
En soi, le concept de technologies capables de traduire des signaux cérébraux en langage n’est pas nouveau. Ce qui l’est réellement, c’est le fait que le dispositif ne nécessite aucune intervention chirurgicale pour implanter des électrodes dans le cerveau – ce qui est le cas avec Neuralink d’Elon Musk – ni de scanner dans un appareil IRM, une solution coûteuse, en plus d’être peu pratique au quotidien.
- Par ailleurs, ces solutions ont souvent besoin d’une aide supplémentaire, notamment le suivi oculaire, pour permettre une traduction des signaux cérébraux en segments au niveau des mots, ce qui n’est pas le cas ici.
À noter : le dispositif n’est pas encore parfait. L’IA a encore un peu de mal à traduire certaines pensées en mots. Les traductions manquent en effet parfois de précisions, mais les premiers résultats sont plus que prometteurs.
- « Le modèle est plus apte à faire correspondre les verbes que les noms. Cependant, en ce qui concerne les noms, nous avons constaté une tendance vers des paires de synonymes plutôt que des traductions précises, comme ‘l’homme’ au lieu de ‘l’auteur' », a déclaré Yiqun Duan, auteur de l’étude.
- Pour l’heure, le score de précision est d’environ 40 % sur BLEU-1, sachant que Bleu est un nombre compris entre zéro et un qui mesure la similitude du texte traduit automatiquement avec un ensemble de traductions de référence de haute qualité.
- Dans le cadre de l’étude, l’IA devait traduire, à partir des signaux cérébraux enregistrés, un texte lu mentalement par les participants.
- De quoi permettre une comparaison entre le texte d’origine et celui traduit.