Pour de nombreux investisseurs, il n’y a plus de doute : les taux d’intérêt directeurs américains et européens baisseront en 2024. Cela rendra les actions plus attrayantes en tant qu’investissement. Les banquiers centraux Jerome Powell (Fed) et Christine Lagarde (BCE) devront faire preuve de leurs meilleurs talents oratoires dans les prochains jours s’ils veulent tempérer les attentes élevées.
Dans l’actualité : les investisseurs espèrent en savoir plus aujourd’hui (Fed) et demain (BCE) sur leur politique de taux d’intérêt en 2024. Le consensus assez général est que les taux directeurs ont atteint leur maximum.
- « La fin du cycle de hausse des taux est très probablement en vue », écrit ING à propos de la zone euro. « La BCE a relevé ses taux directeurs de manière agressive, passant de -0,5 % à 4 % en un peu plus d’un an. Avec la baisse rapide de l’inflation et la stagnation de l’économie, il est difficile d’imaginer comment la BCE pourrait continuer à relever ses taux d’intérêt cette semaine ou dans les mois à venir. L’attention se porte plutôt sur d’éventuelles premières baisses de taux. »
- « La BCE et la Fed maintiendront les taux d’intérêt inchangés lors de leurs réunions cette semaine. Mais les taux d’intérêt seront certainement réduits l’année prochaine », a estimé le gestionnaire d’actifs luxembourgeois Ethenea.
- Plusieurs observateurs de la BCE font référence à un entretien directif avec Isabel Schnabel, membre du conseil d’administration, habituellement un « faucon » (un partisan de la ligne dure), qui a ouvert la porte la semaine dernière à des baisses de taux d’intérêt au cours de l’année 2024.
Pivot
La question qui se pose ensuite est la suivante : à partir de quand les taux d’intérêt baisseront-ils à nouveau ? Les spéculations vont bon train sur le deuxième trimestre de l’année prochaine, ce qui est également l’estimation d’ING. Les stratèges boursiers d’Ethenea et d’ABN Amro ont coché juin 2024 comme la date la plus probable pour le « pivot » de la BCE, le moment où la politique des taux d’intérêt change de direction.
Mais : plusieurs analystes soulignent que les marchés boursiers sont en train de pivoter, en particulier en ce qui concerne les réductions attendues des taux d’intérêt américains. « Selon Ethenea, les quatre baisses de taux d’intérêt prévues pour l’année prochaine sont trop optimistes, compte tenu de la vigueur persistante de l’économie américaine. Le gestionnaire d’actifs ne tient pas vraiment compte du scénario contrefactuel, à savoir de nouvelles hausses des taux. « Selon nous, la Fed veut garder la possibilité d’augmenter encore les taux d’intérêt si nécessaire, mais étant donné le faible niveau d’inflation, c’est très peu probable. »
Jeu d’ombres
À noter : en l’état actuel des choses, chaque mot de Powell ou de Lagarde sera pesé avec soin. Après tout, celui qui devine le mieux la politique future en matière de taux d’intérêt a le plus de chances de trouver la bonne stratégie d’investissement. Dans un post publié sur LinkedIn, le consultant financier Stefan Duchateau (ex-KBC et conseiller chez Argenta) évoque le jeu d’ombres classique entre les banquiers centraux et les marchés.
- Les banquiers centraux n’aiment pas que les marchés anticipent déjà de futures baisses de taux d’intérêt, car cela amoindrit l’effet de leur politique monétaire actuelle. Les banques centrales ne laissent donc pas voir leurs cartes, mais se limitent à des signaux subtils. Ce qu’elles disent n’est pas toujours ce qu’elles pensent.
- « Par la voix de Powell et de Lagarde, la Fed et la BCE s’efforcent de nier en termes très clairs qu’elles envisagent de réduire leurs taux d’intérêt », écrit Duchateau. « Leur réaction n’est que trop transparente, mais elle pourrait encore déclencher des mouvements frénétiques sur les marchés des actions et des obligations à court terme. De telles corrections de marché représentent toutefois une opportunité de premier ordre pour ceux qui font du tic-tac. »
(JM)