Spotify va s’attaquer aux revenus énormes que peuvent générer les « faiseurs de bruits » sur la plateforme. Actuellement, 30 secondes de bruits blancs passés en bouclent peuvent générer plus d’argent que n’oseraient en rêver nombre de musiciens professionnels.
Du « bruit fonctionnel » ? C’est comme ça que Spotify désigne les contenus sonores qui ne peuvent être assimilés à de la musique. Le son de la pluie qui tombe, le crépitement d’un feu, les enregistrements silencieux, et de manière générale tous les bruits blancs et autres contenus largement utilisés dans l’engouement pour l’ASMR.
30 secondes de bruit blanc suffisent
- Des sons qui ne coûtent guère à produire, surtout par rapport à du contenu musical ; et qui jusqu’ici pouvaient rapporter gros. Jusqu’à présent, un son comportant 30 secondes de bruit blanc était valorisé autant qu’une piste musicale originale d’un artiste, sur la plateforme de streaming.
- Ce qui a créé une « opportunité de revenus pour les téléchargeurs de bruit bien au-delà de leur contribution aux auditeurs » estime dorénavant Spotify, qui a décidé de réprimer la pratique.
- Car celle-ci laissait place à de véritables abus. Les redevances de streaming sont en partie basées sur le nombre de fois qu’une piste est jouée, et des sons comme le bruit blanc sont souvent écoutés pendant des heures, rappelle CNN. Une piste réduite à la durée minimale sur la plateforme – 30 secondes – et passée en boucle dans une playlist peut s’avérer très rentable.
La réaction : selon Billboard, les pistes fonctionnelles des « faiseurs de bruits » seraient désormais rémunérées à un cinquième de leurs équivalents musicaux. Mais Spotify n’a pas encore précisé comment celles-ci seraient identifiées comme telles.
Jusqu’à 18.000 dollars par mois
- Ça n’a rien d’anecdotique : selon des enquêtes précédentes de Bloomberg, des producteurs de contenus pouvaient gagner jusqu’à 18.000 dollars de revenus publicitaires par mois avec du bruit blanc. En 2023, les podcasts présentant uniquement des sons ambiants comptaient pour trois millions d’heures de consommation quotidiennes. Bien assez pour qu’ils soient automatiquement mis en avant par les algorithmes, ce qui fait encore grimper les vues et les bénéfices.
- Dans un monde où la création artistique se retrouve de plus menacée par les productions par IA, un tel modèle économique paraît d’autant plus dystopique. Les IA génératives se targuent de plus en plus de pouvoir générer des sons, et des entreprises se spécialisent déjà dans cette niche de « faiseurs de bruits ».
- La plateforme a également annoncé mardi qu’elle envisageait de pénaliser financièrement les labels et les distributeurs lorsque des flux artificiels « flagrants » sont suspectés sur certaines pistes, soit l’usage massif de bots pour faire monter les écoutes, et donc la popularité d’un morceau.


