Alexander De Croo va quand même tenter de sauver la loi anti-casseurs

Alexander De Croo va quand même tenter de sauver la loi anti-casseurs
Alexander De Croo (Open Vld) & Paul Magnette – Thierry Monasse/Getty Images

La situation s’enflamme, une fois de plus, au sein de la coalition Vivaldi, entre le PS et le MR, à propos de la loi anti-casseurs. Elle doit permettre l’interdiction préventive des manifestants violents récidivistes. Cette loi, en attente depuis un certain temps, fait partie d’un ensemble plus vaste de réformes judiciaires.

  • Le Premier ministre, Alexander De Croo, a été critiqué par les socialistes pour ne pas avoir suffisamment « pris en charge le dossier« . Cependant, le texte devrait être abordé vendredi en kern et dès ce mercredi lors des réunions intercabinets. Ainsi, le chef du gouvernement envoie un signal clair au PS et à Ecolo de son intention de poursuivre l’adoption de cette loi.
  • Cette démarche est cohérente : la loi a déjà été approuvée en commission par tous les partis de la majorité et a été confirmée à deux reprises lors d’un kern et d’un conseil des ministres. Les observations du Conseil d’État, bien qu’importantes, ne sont pas jugées insurmontables d’un point de vue technique et juridique. Le principe « Pacta sunt servanda » (Les accords doivent être respectés) est invoqué par plusieurs formations politiques.
  • Cependant, Paul Magnette (PS) a clairement rejeté cette loi lors d’une interview ce week-end, subissant une pression considérable de la part de la FGTB et de diverses associations. Ecolo a emboîté le pas, Georges Gilkinet, le vice-Premier ministre, la qualifiant même de « loi liberticide ».
  • De son côté, le MR se montre intransigeant. Georges-Louis Bouchez (MR) affirme haut et fort, à qui veut l’entendre, que c’est du sérieux cette fois-ci, et qu’il est prêt à adopter une position très ferme, mettant ainsi en péril le nouveau Code pénal. Ce dernier est considéré comme l’élément central de la réforme de la justice, initié par Koen Geens (cd&v), élaboré par Van Quickenborne et dont Van Tigchelt souhaite voir l’aboutissement.
  • Ce Code pénal contient une clause notable, la nouvelle loi Bodson, en référence à Thierry Bodson, figure de proue de la FGTB. Cette disposition vise à éviter que les militants syndicaux ne soient accusés d’entraver sciemment la circulation. Des syndicalistes à Liège ont été condamnés pour avoir bloqué le trafic, empêchant ainsi une ambulance avec un patient en état critique d’atteindre l’hôpital à temps. Cela a provoqué une onde de choc pour les syndicats, qui ont trouvé une porte de sortie dans la nouvelle loi pénale.
  • Le MR, par l’intermédiaire de son vice-Premier ministre David Clarinval, a signalé son intention de ne pas reculer, notamment sur l’accord de la réduction de la TVA sur la démolition à 6 %, dont les promoteurs immobiliers ont été exclus.
  • Il incombe à présent à De Croo, avec l’appui de Vooruit, du cd&v et de Groen, de tenter de réunir PS et Ecolo d’un côté, et le MR de l’autre, autour d’un nouveau compromis permettant à chacun de sauver la face.

À surveiller : le début de la grande grève des chemins de fer ce soir.

  • Dès 22 heures ce soir et jusqu’au vendredi 10 novembre, la SNCB sera en grève. Toutefois, grâce à la mise en place d’un service minimum, un nombre significatif de trains circuleront, d’après les informations communiquées par l’entreprise ferroviaire elle-même. Ils anticipent que la moitié des trains InterCity (IC) circulant entre les villes seront opérationnels. En revanche, seuls deux trains sur cinq S et L (locaux) rouleront, et pour les trains de pointe (P), la plupart ne seront pas en service.
  • « Excessive et irresponsable », voilà comment les directions de la SNCB, d’Infrabel et de HR Rail qualifient cette grève. Sophie Dutordoir, CEO de la SNCB, a précisé hier sur Terzake que le cœur de la grève concerne une réduction de 10 minutes du temps de préparation alloué aux contrôleurs de train, un temps que, dans la réalité, la plupart n’exploitent pas.
  • Pour les syndicats réunis en front commun, la situation est différente : ils affirment que « des limites ont été franchies ». L’accord social stipulait qu’« aucune nouvelle mesure d’augmentation de la productivité ne serait introduite », et ils considèrent que cette diminution du temps de préparation en est une. Ils accusent également la direction d’être « déconnectée de la réalité du terrain ».
  • Les usagers ont l’impression de payer l’addition. Réagissant pour Business AM, le journaliste spécialisé, Herman Welter, pointait du doigt la méthode utilisée par les syndicats, qui constitue selon lui l’un abus de pouvoir : « C’est grâce aux voyageurs que ces personnes gagnent leur vie chaque jour, qu’elles ont un emploi stable. Beaucoup de ces navetteurs ne sont jamais sûrs de leur emploi. Ce n’est pas le cas des cheminots, qui sont le plus souvent statutaires. Les syndicats ont trop peu d’empathie. »
  • Une autre grève prolongée est planifiée pour décembre, du 5 au 7.

À surveiller (2) : le gouvernement Vivaldi bloque un projet de voitures autonomes.

  • Ceux qui ont observé les essais de véhicules autonomes déployés à grande échelle aux États-Unis, comme en Arizona ou en Californie, pourraient s’interroger. En Belgique, Georges Gilkinet (Ecolo), ministre fédéral de la Mobilité, met un frein à un projet d’essai de voitures autonomes de niveau 3. Il s’agit de véhicules qui ne conduisent pas entièrement seuls, sans chauffeur, mais qui permettent au conducteur de se livrer à d’autres activités, telles que regarder un film ou travailler. Le conducteur doit pouvoir reprendre le contrôle à tout instant, et ce, uniquement en journée et à une vitesse maximale de 60 km/h lors d’embouteillages.
  • Aux États-Unis, on en est déjà aux véhicules de niveau 5, qui se conduisent de manière complètement autonome, avec des passagers à l’arrière.
  • Cependant, Gilkinet s’est exprimé dans Het Nieuwsblad contre cette tentative prudente de voiture autonome de niveau 3 en Belgique. « Même les voitures autonomes créent des embouteillages et contribuent à la pollution. Pour les longs trajets, il serait préférable d’encourager les gens à emprunter le train plutôt que de s’installer dans une voiture autonome. Ils peuvent également se reposer dans le train », avance-t-il comme argument.
  • Cette annonce du ministre Ecolo, surtout sa justification, ne trouve pas vraiment d’écho favorable. La mobilité est en effet une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et les régions. Pour Lydia Peeters, ministre flamande (Open Vld), c’est un « mauvais signal » envoyé par Gilkinet. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer les innovations technologiques qui contribuent à une croissance durable, à une sécurité routière améliorée ou à la création d’emplois supplémentaires ». Elle est en faveur d’un « soutien total aux projets pilotes ».
  • En Flandre, il existe déjà une ‘Taskforce Transport Autonome’ qui est précisément chargée de superviser cette innovation. Cependant, la réglementation routière relève du niveau fédéral : sans l’aval de Gilkinet, l’affaire se complique. C’est pourquoi Vias, l’institut de sécurité routière, a décidé d’entrer en scène : « Il serait donc sage d’organiser des projets pilotes afin d’évaluer la technologie. »
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