Selon l’Indice Immobilier de Deloitte, la Belgique offre les logements les plus abordables d’Europe. Une affirmation pour le moins surprenante. La méthodologie utilisée par Deloitte explique en grande partie cette conclusion. Business AM s’est entretenu avec Philippe Dewaele, directeur délégué chez Dewaele Immobilier, qui apporte quelques nuances.
Dans l’actu : La Belgique passe de la troisième à la première place du classement de Deloitte des logements les plus abordables en Europe.
Explications : L’indice de Deloitte est basé sur le nombre d’années qu’un individu doit travailler pour gagner un salaire brut lui permettant d’acquérir un logement de 70 m². Toutefois, cette méthode suscite des interrogations.
- Selon cet indice, un Belge a besoin en moyenne de 4,3 ans de salaire pour acheter une maison. En comparaison, en Norvège, deuxième du classement, il faut épargner pendant 4,7 ans.
- À l’autre extrémité du spectre, la Slovaquie ferme la marche avec une nécessité d’économiser pendant 14,1 ans.
Brut ou net ?
Objection : une critique majeure surgit : pourquoi se baser sur le salaire brut alors que les acquisitions immobilières sont généralement financées par le salaire net ?
- En Belgique, la différence entre salaire brut et net est particulièrement marquée en raison d’une fiscalité élevée. L’agent immobilier Philippe Dewaele souligne que malgré ces statistiques, l’achat de biens immobiliers reste un défi pour nombre de Belges.
- « Depuis le début de l’année dernière, il y a eu un ralentissement, surtout dans les nouveaux projets. Cela contredit les statistiques officielles. La tendance s’est inversée et nous sommes passés d’un marché de vendeurs à un marché d’acheteurs », note-t-il.
- Selon le rapport de Deloitte, la Belgique est le pays à avoir enregistré la plus forte baisse des nouvelles constructions au cours des deux dernières années (-5,7 %), devant l’Espagne (-4,9 %) et l’Estonie (-3,2 %).
- Le journal De Standaard relève que, malgré la pression fiscale, la Belgique offre plusieurs avantages fiscaux tels que les chèques-repas et des conditions avantageuses pour les voitures de société. De plus, l’étude de Deloitte montre que les Belges ont des taux d’intérêt hypothécaires relativement bas.
- À l’inverse, les taux d’intérêt moyens les plus élevés se trouvent en Hongrie et en Pologne (plus de 9 %).
Moins d’investisseurs dans l’immobilier en Belgique
- Néanmoins, l’attrait de l’investissement immobilier en Belgique semble s’essouffler. Dewaele indique que la montée des taux d’intérêt a freiné le marché. Et si, pendant longtemps, l’immobilier était vu comme une alternative rentable à l’épargne, cette perspective se refroidit.
- Les conséquences se font sentir. Le prix moyen de transaction pour un nouveau logement en Belgique a atteint 3.102 euros/m² en 2022, en hausse de 8% sur un an. Cette tension croissante se manifeste aussi par une hausse des loyers due à une offre de location de plus en plus restreinte.
- Enfin, le rapport de Deloitte montre que Bruxelles se situe en milieu de classement pour le coût des loyers par rapport à d’autres villes européennes.
- Avec un loyer de 14 euros le mètre carré, Bruxelles est 26e dans une comparaison avec 66 villes européennes.
- Dublin (32,8 euros) est la ville la plus chère, suivie de Paris (28,5 euros), Oslo (28 euros), Londres et Amsterdam.

(SR)