L’émission du bon d’État à un an a permis au gouvernement de récolter près de 22 milliards d’euros. Malgré ce succès retentissant, le ministre des Finances Vincent Van Peteghem n’a pas atteint son objectif : stimuler les taux d’épargne. Les experts notent que certains effets secondaires ne tarderont pas à se manifester.
Chaque personne qui a souscrit au bon d’Etat détient normalement maintenant une obligation d’État. Toutefois, il est possible que tous les épargnants qui ont confié une partie de leur capital à l’État ne possèdent pas le « bon Van Peteghem ». Plusieurs banques ont eu du mal à traiter toutes les demandes. Si le paiement est arrivé sur le compte de l’Agence de la dette après le 1er septembre, l’agence gouvernementale remboursera l’argent.
Vincent Van Peteghem (CD&V), ministre des Finances, souhaitait que le bon d’État fasse pression sur les banques pour qu’elles augmentent les taux d’épargne. Bien que l’État ait pu lever près de 22 milliards d’euros, le ministre n’a pas vraiment réussi. Seuls quelques petits acteurs ont revu les taux d’épargne à la hausse depuis le début du mois. Parmi eux, une banque se distingue : MeDirect. La banque en ligne a augmenté le taux d’intérêt de son compte d’épargne Fidelity à 2,55 %. Ce faisant, l’acteur de niche détrône le compte d’épargne Vision Max de la Santander Consumer Bank. Cette formule est assortie d’un taux d’intérêt de 2,5 % pour les épargnants dont l’épargne est comprise entre 125.000 et 200.000 euros. Dans tous les autres cas, le taux tombe à 1,55 %.
Impact du bon d’État sur le marché immobilier
Les experts, quant à eux, notent que le succès du bon d’État pourrait bien avoir des effets secondaires inattendus. Tout d’abord, il y a l’impact sur le marché de l’immobilier. Christophe Lejeune, du courtier immobilier ERA, prévient que ce marché est actuellement en hibernation. « L’argent investi est maintenant bloqué auprès du gouvernement pendant un an et ne peut donc pas être injecté dans le marché immobilier », a-t-il déclaré à notre site à la fin de la semaine dernière.
Marc Rasière, administrateur délégué de Belfius, a de nouveau averti au début de ce mois que les banques devront chercher des moyens de compenser l’importante fuite de l’épargne dans les mois à venir. « Je crains, par exemple, que les taux des crédits immobiliers n’augmentent », a-t-il ajouté.
Plus d’intérêt pour les obligations
Le bon d’État a certainement aussi eu un effet positif : il a secoué les épargnants belges. De nombreux compatriotes préfèrent toujours les produits d’épargne sûrs, mais ils regardent désormais au-delà des comptes d’épargne traditionnels. La grande banque ING note dans son dernier baromètre des investisseurs que les Belges s’intéressent désormais davantage aux obligations grâce au bond d’État. « L’intérêt pour les investissements obligataires est en hausse et atteint son plus haut niveau depuis 2010 », indique l’institution financière. Il existe donc de nombreuses similitudes entre les deux produits. Une obligation, comme l’obligation d’État, est assortie d’un coupon annuel. Les personnes qui investissent dans une obligation récupèrent également (en principe) le capital investi à la fin du parcours.
En outre, l’enquête d’ING montre qu’un tiers des investisseurs belges sont intéressés par un investissement en obligations. « Le fait que la note d’État n’ait pas cessé de faire parler d’elle y a probablement contribué. Dans la semaine du 21 août, lorsque l’engouement pour les bons d’État a atteint un sommet à l’approche de la période de souscription, le pourcentage d’investisseurs estimant que le moment était propice pour investir dans des actifs à revenu fixe a même grimpé à 40 % », explique Peter Vanden Houte, économiste en chef d’ING Belgique.
(JM)